L'agora des arts - Des expositions à paris, en france et à l'étranger

Des lieux de patrimoine et des maisons d’artistes à visiter. L’occasion de balades « découvertes culturelles et artistiques »
spacer

Patrimoine

Château d’Azay-le-Rideau. De Renaissance en renaissance

Le chantier du siècle

Comme une enveloppe arachnéenne, l’échafaudage qui enserre le château d’Azay-le-Rideau lui donne la silhouette d’un vaisseau de dentelle, un monument surréaliste posé sur son miroir d’eau de l’Indre. La campagne de restauration, que l’on peut découvrir en ce moment et que le Centre des monuments nationaux (CMN) a baptisé #AzayRenaissance, s’est engagée par cette première phase sur l’aile principale jusqu’au printemps 2016 avant de se porter sur l’autre aile entre l’automne prochain et le printemps 2017. Ce programme de restauration est évalué dans sa globalité à près de 20 millions €. Il a débuté en 2014 par le parc paysager entourant le château sur son île, qui s’est enrichi de nouvelles variétés d’arbres et de fleurs et s’est agrandi par un espace classé Natura 2000, l’île sauvage de la Rémonière que l’on rejoint par un pont ouvragé tout neuf.
Sans que le château soit fermé à la visite (« Il est important que le public prenne conscience que le chantier est un élément de la vie du monument », indique Danièle Déal, directrice de la conservation du CMN), la restauration se poursuit donc cette année par celle des couvertures, menuiseries extérieures et façades. Cette étape sera suivie par le remeublement des salles du rez-de-chaussée, pour qu’elles retrouvent leur état du XIXe siècle où le château était la propriété de la famille Biencourt, et la réfection du système hydraulique qui commande l’environnement aquatique du monument.

La restauration actuelle comprend plusieurs aspects : nettoyage des façades et de leurs sculptures de pierre, reprise de la couverture en ardoise, restauration des faîtages et conservation des remarquables plombs polychromes, enfin remplacement de certaines pièces endommagées de la charpente d’origine en chêne. Dans les combles, un belvédère sera installé pendant les travaux afin que le visiteur se trouve le plus possible au cœur de la restauration. Dans le même ordre d’idée dès cet été, et pendant toute la durée du chantier, une exposition (comprise dans le prix d’entrée de la visite) intitulée « C’est quoi ce chantier ! Les coulisses d’une renaissance » et installée dans le pressoir à l’entrée du domaine présentera, à travers maquettes, objets et photographies, l’ensemble des travaux de restauration ainsi que les différents métiers du patrimoine intervenant à Azay.

Construit selon la volonté de son propriétaire Philippe Berthelot, grand financier sous Louis XII et François 1er, entre 1518 et 1524 à la place d’une forteresse médiévale, le château d’Azay-le-Rideau mêle les traditions françaises à l’innovation italienne qui en font un des joyaux architecturaux du Val de Loire, un bijou de la Renaissance française. On en est immédiatement frappé en empruntant l’escalier d’honneur qui, avec ses loggias et ses plafonds à caissons sculptés, est un des premiers escaliers droits à l’italienne construit en France. La chambre Renaissance de Philippe Lesbahy, épouse de Berthelot, a été restaurée en 2013. On y remarque la garniture des murs en nattes de joncs tressés, comme au XVIe siècle, et le lit paré de velours de soie et de tissus brodés. Les combles, aussi récemment ouverts au public, sont un autre moment remarquable de la visite tant la charpente façonnée dans les chênes de la forêt de Chinon voisine semble avoir passé tous ces siècles presque sans encombre... Enfin, le rez-de-chaussée est l’étage des Biencourt du XIXe siècle, propriétaires d’Azay avant que l’Etat acquiert le domaine en 1905. Ces salles déjà meublées et ouvertes à la visite retrouveront, après remeublement par le Mobilier national, l’atmosphère de luxe qui avait tellement enchanté les visiteurs prestigieux du XIXe siècle tels que Mérimée ou Balzac. Il suffit de les suivre au cœur d’une région où l’histoire s’est toujours mêlée à l’art de vivre !

Jean-Michel Masqué
Reportage photo : Lionel Pagès
Avril 2015