L'agora des arts - Des expositions à paris, en france et à l'étranger

« Des portraits d’artistes contemporains, des interviews de personnalités du monde de l’art, des reportages. »
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La galerie d'Agora

Monica Mariniello - sculpteure

Panégyrie d’argile

Une chevauchée fantastique de personnages clownesques à califourchon sur des animaux : gorille, cochon, rhinocéros, requin, éléphant, pangolin, lion, chimère ou dragon de mer…a envahi l’atelier de Monica Mariniello. Mais qui des deux, chevauché ou chevaucheur connait le chemin et emmène l’autre vers plus de tolérance et d’humanité ? Estimant que le non-respect de la vie de milliers d’espèces est « une véritable aberration » et comme pour montrer l’incongruité de la domination de l’homme sur l’animal, cette sculpteure-démiurge fait naître de l’argile ce surprenant cortège d’œuvres expressionnistes. Un univers tout à la fois grinçant et onirique.

Teatrum mundi

Autour de ces cavaliers sur leurs insolites montures (série Voyageurs) tout un peuple de terre veille ou guette. Ici, des corps nus endormis ou dressés, la peau piquée de fleurs desséchées, comme une allégorie de la vieillesse ou de la destruction de la nature par notre civilisation (série TerreHumaine), mais parfois aussi couverts de papillons, espoirs de renouveau et de vie d’une terre redevenue nourricière. Là, une série de têtes humaines riantes ou grimaçantes, plantées violemment sur des piques. Une fragile panégyrie d’argile, possible métaphore visuelle de la diversité humaine (série teatrum mundi). Plus loin, une inquiétante meute de loups noirs hurlants, et des corbeaux hitchcockiens prêts à fondre sur l’intrus, comme un « Memento Mori », un rappel de la brièveté de la vie.

Une théâtralité qui n’est jamais exempte d’un humour dada, comme cet homme chapeauté d’un entonnoir, cet autre d’un manège à musique, cet autre encore de cornes de gazelle. Sans parler de toutes ces cages et volières chinées au fil des ans dans lesquelles cette artiste aux yeux rieurs enferme os de poulet, duvet ou crâne d’oiseau…Et trônant sur son socle, au milieu d’une harmonie de blancheur, une émouvante « Piéta » michelangelesque tenant un grand singe sur ses genoux, attend avec patience une hypothétique résurrection. L’âme et la force qui s’en dégagent renvoient à la statuaire toscane à l’aube du Cinquecento, celle d’un maniérisme que l’on perçoit dans ce long bras simiesque pendant mortellement vers le sol, renforcé par l’effet de surprise provoqué par cette mater dolorosa faite homme.

Influence italienne

Une influence toscane qui n’a rien d’étonnant chez cette artiste née à Sienne en 1954 et qui, après ses balades dans l’enfance sur les sites étrusques qui l’ont fortement marquée, se forme au dessin à l’Académie de Florence, puis à la sculpture aux Beaux-Arts de Paris. Émue par Le Caravage, admirative de la liberté totale de Picasso, elle expérimente un premier langage formel à la fin des années 80, dans un travail subtil sur le métal récupéré et refaçonné dans une abstraction architecturée. Puis à partir de 1995 apparaissent les terres cuites, et la figuration. Pour Monica, chaque nouvelle création commence par un balayage de l’atelier. Un rituel indispensable pour faire retomber la pression, l’apaiser, l’aider à trouver l’énergie profonde avec laquelle ses mains (gantées de mitaines l’hiver pour la protéger des morsures du froid de l’atelier) pourront commencer à pétrir l’argile, à la fusionner avec des oxydes, du cobalt-chrome, du fer et du kaolin, les mélangeant entre eux pour faire éclore les couleurs et laisser les bleus, les blancs, les ocres, les bruns venir comme ils veulent, avant que la forme s’ébauche, et que partant de l’idée préalable, la terre lui donne des suggestions auxquelles elle n’avait pas pensé avant. Le « faire » est une nécessité pour cette artiste dont l’atelier de sculpture bourré d’outils évoque par endroit l’antre d’un forgeron.

Une quête d’humanité

Si elle a puisé l’inspiration de la terre et de la couleur à la suite d’un voyage au Kerala, au Sud de l’Inde, c’est après une visite à Chaumont-sur-Loire que Monica a introduit des photographies dans son travail, au début des années 2000. Des inclusions de photographies floutées à la cire, images devenues oniriques de ciels, de cheminées fumantes, de feuillages ou de poissons rouges, enchâssées dans la glaise et le métal, tels des tableaux pictorialistes. Ce dialogue entre la sculpture et l’image pour en explorer le lien sensible et sensuel est aujourd’hui arrivé à son terme. Pas la quête de Monica d’un monde d’harmonie et d’humanité. Alors avec la terre glaise comme matériau de sa maïeutique, la sculpteure poursuit avec énergie et obstination son théâtre du monde, modelant jour après jour, sans préjugés, avec empathie, des têtes d’hommes et de femmes de tous les genres et de tous les âges, avec leurs inquiétudes et leurs espoirs. Nous.

Catherine Rigollet

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www.monica-mariniello.com
monicamariniello hotmail.fr
www.instagram.com/monica.mariniello.16

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