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« Une sélection des meilleures expositions du moment en Europe. L’occasion d’une escapade d’un week-end. »

Expo à L'étranger

Miro. La réalité absolue. Paris 1920-1945

25 années d’ébullition constante d’idées nouvelles, allant du réalisme magique des débuts de la carrière de l’artiste au langage des signes constellés.

Admiré pour ses innovations formelles, développées dans le contexte des premières avant-gardes, notamment le dadaïsme et le surréalisme, Joan Miró (Barcelone 1893 - Palma de Majorque 1983) est également considéré comme un précurseur de l’expressionnisme abstrait. Fasciné par les visions et les rêves, il s’intéresse aussi aux questions spirituelles. Plus récemment, d’aucuns ont mis en lumière les aspects politiques de son œuvre, et notamment sa ferme opposition à la dictature franquiste et sa sympathie pour le nationalisme catalan de l’époque.

Les 25 années de carrière retracées par l’exposition au Guggenheim de Bilbao sont celles d’un bouillonnement constant d’idées nouvelles, du réalisme magique de ses débuts au langage des signes constellés. Une période fondamentale dans l’œuvre de Miró qui débute avec son premier voyage à Paris, ville clé de son œuvre et de sa biographie. Dans les années 20, il y peint les œuvres « détaillistes », exécutées avec une grande délicatesse et concentration. Les feuilles des arbres et des plantes semblent des calligraphies exactes et minuscules évoquant les pratiques artistiques orientales. Dans les années 30, l’expressionnisme devient une caractéristique dominante de son œuvre. Ses toiles représentent toutes des personnages monstrueux dans des espaces ambigus et inquiétants, qui témoignent probablement de son anxiété et de son inquiétude face à la situation politique qui débouche sur la guerre d’Espagne puis sur la Seconde Guerre mondiale (Homme et femme devant un tas d’excréments, 1935).

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Miró, exilé à Paris, s’installe dans une petite maison à Varengeville-sur-Mer en Normandie, où il reçoit la commande d’une fresque. Sur place, il peint cinq petits paysages intitulés Le Vol de l’oiseau sur la plaine, qui font référence aux plaines ouvertes de cette région. Il y peint aussi ses Constellations (1940-1941) qu’il termine à Majorque où il s’installe avec sa famille pour fuir la guerre en France. Après les Constellations, Miró peint très peu jusqu’en 1945 où il crée une grande série d’œuvres sur fond blanc qui consolident son langage de signes flottants sur des fonds ambigus (Femme et oiseau dans la nuit, 1945).
Durant toutes ses années, l’intérêt de Miró pour l’art préhistorique, et notamment les peintures rupestres, les pétroglyphes et les statuettes, devient évident. Dans ses carnets, il déclare son ambition de revenir aux origines de l’art pour en retrouver le sens spirituel originel. Dans une déclaration à la revue Cahiers d’Art en 1939, Miró affirmait : « Si nous ne nous efforçons pas de découvrir l’essence religieuse, le sens magique des choses, nous ne ferons qu’apporter de nouvelles et innombrables sources d’abrutissement à celles qui sont aujourd’hui offertes aux peuples. »
Quarante ans après sa mort, l’œuvre à résonance mytho-poétique de Miró n’a rien perdu de son caractère énigmatique et continue de susciter l’intérêt et fascine.

Visuels : Miró, Peinture (Le Soleil), 1927. Huile sur toile, 38,3 × 46,2 cm. Courtoisie The David & Ezra Nahmad Collection © Sucesió Miró, 2022.
Joan Miró, Peinture (Oiseaux et insectes), 1938. Huile sur toile, 114 x 88 cm. Albertina, Vienne - Sammlung Batliner © Sucesió Miró, 2022.

Archives des expos en europe
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Infos pratiques
Du 10 février au 28 mai 2023
Guggenheim
Abandoibarra Etorbidea, 2. 48009 Bilbao
Du mardi au dimanche, de 10h à 19h
Tarifs : 15€/13€
https://www.guggenheim-bilbao.eus/fr