Un panorama du nu dans l’art occidental, depuis la civilisation hellénique jusqu’au déclin de cette tradition figurative à partir de la fin du XXe siècle.
« Ce livre fera polémique » s’amusait Alexis Merle Du Bourg, quelques mois avant sa publication. Pour de multiples raisons parfaitement explicitées par l’auteur dans son introduction. D’abord parce que son histoire du nu (comprendre le nu sublimé par l’art, ce nu « vêtu d’art ») ne commence qu’à partir de la civilisation hellénique ; la nudité (état concret du corps humain lorsqu’il est dévêtu) des Vénus aurignaciennes ou magdaléniennes n’en constituant pas la fin, c’est-à-dire un projet de sublimation esthétique comme en fera la tradition figurative artistique occidentale. Ensuite parce que cette histoire se borne à l’art occidental (Europe et Amérique du Nord) afin de ne pas diluer le propos, l’ensemble étant déjà vertigineux du VIIIe siècle avant notre ère à aujourd’hui. Ajoutons enfin que la place de la photographie est volontairement réduite ; son étude méritant un volume à elle-seule.
L’un des objets de ce livre est donc d’étudier « comment la légitimation du Nu a pris son essor, s’est imposée, et comment elle est aujourd’hui entrée en déclin au point de devenir inintelligible à une part croissante de nos contemporains ».
Les différents récits « fondateurs » de la civilisation hellénique font l’objet d’une attention particulière. Il s’agit d’étudier tout d’abord la fortune de ce legs au fils des siècles et comment il parvint à fusionner avec une religion chrétienne fondée sur le dogme de l’Incarnation, faisant preuve de beaucoup d’ambivalence du corps (nudité cachée du Christ ou sublimée jusqu’à l’érotisation comme ce Christ mort entouré d’anges de Rosso Fiorentino, vers 1524-1527), mais aussi d’inévitables accommodements. Sont exposés ensuite les heurs (sublime renaissance du corps au XVe et XVIe siècle avec son apogée avec la Sixtine) et malheurs de la représentation du corps nu à l’épreuve de la modernité, une époque fertile en expérimentations (cubisme, fauvisme, expressionnisme, abstraction, hyperréalisme…), en débats (dénonciation de la domination masculine dans le Nu…) et en vives controverses (obscénité, voyeurisme, pornographie, néo-puritanisme).
Une captivante histoire de la nudité dans l’art en Occident, de l’Antiquité à nos jours, remarquablement illustrée.