Cappiello caricaturiste, 1898-1905

Visuel livre

À l’occasion de l’exposition « Cappiello caricaturiste, 1898-1905 », présentée au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam (95), du 28 avril au 22 septembre 2024, cet ouvrage met en lumière l’autre talent du célèbre affichiste de la Belle Époque.

Le Cachou Lajaunie, le Bouillon Kub, le Cinzano, Dubonnet, le Thermogène…Connu pour son art de l’affiche moderne avec ses illustrations au style épuré et aux couleurs en aplat, c’est d’abord en caricaturiste du monde du spectacle de la Belle Époque que Leonetto Cappiello (1875-1942) s’est fait connaître. C’est cette facette du talent de l’artiste italien que ce livre retrace tout en racontant les débuts de sa vie d’artiste italien, venu à Paris en 1898 « passer un mois en touriste, en amateur » et s’y installant définitivement, prenant même la nationalité française en 1930.

Né à Livourne dans une famille aisée, Cappiello se tourne très vite vers le dessin et la caricature. À son arrivée à Paris, il rencontre le compositeur Puccini qui lui demande de faire sa caricature. Le dessin est publié dans Le Rire et Cappiello lancé se met à croquer les personnalités en vogue de la Belle Époque, tout particulièrement celles de la société du spectacle. Il s’amuse parfois des frivolités de la haute société, mais avec la distance mesurée et polie d’un homme qui va vite faire partie des cénacles mondains, surtout après son mariage en 1901 avec Suzanne Meyer issue de la grande bourgeoisie d’affaires et les milieux cultivés de la capitale. Loin de la satire de mœurs, de la caricature politique et sociale qu’il laisse à d’autres (Charles Léandre, Abel Faivre, Camara…), Cappiello a trouvé sa cible de prédilection : le monde du théâtre et de la société des acteurs. Plus particulièrement les comédiennes qu’il trouve sous-représentées dans la caricature. Il se concentre sur leur pose, leurs expressions, avec un trait fin épuré, exagérant souvent mimiques, poitrines et cambrures, sans jamais être rosse. Il immortalise l’illustre silhouette de la divine Sarah Bernhardt et la dramaturgie de ses expressions, le petit sourire pointu de Jeanne Granier, la longue silhouette d’Yvette Guilbert, le petit chignon de Louise Balthy, l’excentricité et la taille de guêpe de Polaire (en couverture du catalogue, dans « P’Tit Jeune Homme » de Willy et Luvey, 1903), le profil de Marthe Mellot, la dignité de Réjane. Il mettra en affiche de nombreuses autres actrices et acteurs, ainsi que des hommes de lettres (Georges Feydeau, Catulle Mendes, Robert de Montesquiou, Edmond Rostand, Paul Adam…) et n’hésitera pas à se caricaturer lui-même.
Sa logique n’est pas celle du portrait à charge. Les vedettes de la scène l’ont bien compris. Se voir caricaturé par Cappiello dans un journal à grand tirage comme Le Figaro ou dans la presse satirique (Le Rire, Le Sourire, Frou-Frou, Le Cri de Paris…) équivaut à une reconnaissance ou à un encouragement. En 1905, alors que paraît une anthologie de ses meilleures caricatures, Cappiello décide pourtant de tourner définitivement la page « caricatures » pour se concentrer sur les affiches, succédant à Jules Chéret durant les dix années qui précéderont la Grande Guerre. Il en concevra au total près de 2000 en quarante ans.

Sous la direction de Caroline Oliveira
In Fine Editions d’art – Paris
Avril 2024
21 x 27 cm, 176 pages
90 illustrations
29€