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« 2050. Une brève histoire de l’avenir »... Pour refuser la fatalité

11 septembre. La date d’ouverture de l’exposition « 2050. Une brève histoire de l’avenir » n’a rien du hasard. C’est un choix symbolique qui renvoie aux événements du World Trade Center qui ont ouvert tragiquement le nouveau millénaire et rebattu les cartes de l’ordre du monde, faisant brutalement surgir de nombreuses interrogations sur l’avenir.
Complémentaire de l’exposition éponyme qui se tient à Paris au musée du Louvre (du 24 septembre 2015 au 4 janvier 2016)., celle organisée par les Musées royaux des Beaux Arts de Belgique, se propose de « mieux comprendre le présent afin de donner des pistes pour prévenir l’avenir », souligne Pierre-Yves Desaive, co-commissaire avec Jennifer Beauloye. « Car l’avenir n’est pas déterminé. On peut agir et changer le cours de l’histoire et quand on veut, on peut » averti à la fois sentencieux et optimiste Jacques Attali qui a insufflé l’idée de monter une exposition sur le thème de son livre (Fayard) et participé au choix des œuvres. Une sélection resserrée, dans un parcours cohérent et assez didactique (parfois simpliste) de 70 peintures, sculptures, photographies, vidéos, installations et arts numériques d’artistes belges et internationaux comme David Altmejd, le collectif AES+F, HeHe, John Isaacs, Bodys Isek Kingelez, Roman Opalka, Marten Vanden Eynde, Tracey Snelling, Hiroshi Sugimoto, Jake et Dinos Chapman, Alighiero Boetti, Mona Hatoum, Yang Yongliang, Andreas Gursky, Andres Serrano, Eugenio Merino, etc… qui viennent éclairer notre regard sur des thématiques sociétales : le déclin de la puissance américaine, la planète menacée, la surconsommation, l’empire du marché, les conflits mondiaux ou encore le temps, cette denrée si rare qu’elle nous fait dire qu’il y a pas pire meurtre que de tuer le temps !
Dans chaque salle, et pour chaque thème abordé, des visions altruistes, souffles d’espoir parfois teintées d’humour viennent contrebalancer les plus alarmistes, nous invitant à (re)penser l’avenir. Ainsi à côté des Reliquaires de l’artiste américain Al Farrow, des monuments religieux réalisés avec des armes et soulignant l’intersection historique entre religion et conflits armés, trône Le rêve d’un monde meilleur du sculpteur mozambicain Gonçalo Mabunda (artiste présenté à la Biennale de Venise cette année), un siège constitué de munitions abandonnées à l’issue de la guerre civile et évoquant l’espoir d’un futur pacifié. Même espérance dans ce monde où le marché a pris le pouvoir, illustré de manière limpide par Dollar Sign de Warhol (qui aimait l’argent au point de multiplier au sommet de sa gloire les portraits sur commande pour de richissimes clients), avec Yllux, une petite sculpture en carton et fils électriques conçue par le congolais Jean Katambayi Mukendi pour fournir de l’électricité dans les quartiers défavorisés. Une forme d’utopie artistique pour envisager un autre monde, libéré de l’hyperempire. Une exposition bien construite qui invite à refuser la fatalité et montre que l’art peut faire bouger les choses.

Catherine Rigollet

 L’absence de cartels à côté des œuvres (qui souvent parlent d’elles mêmes) est un choix assumé pour laisser le visiteur les regarder et les interpréter librement ; un guide papier étant à sa disposition dans chaque salle.

Visuels : Yang Yongliang, Heavenly City n.8, 2008. Impression, 164 x 150 cm. Courtesy Galerie Paris-Beijing.
Hiroshi Sugimoto, World Trade Center, 1997. Épreuve à la gélatine argentique. 149,2 x 111,9 cm. Courtesy Koyanagi Gallery.
Andy Warhol, Dollar Sign, 1981. Acrylique et encre de sérigraphie sur textile. 228,6 x 177,8 cm. Pittsburg,The Andy Warhol Museum.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 11 septembre 2015 au 24 janvier 2016
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
3, rue de la Régence – B-1000 Bruxelles
Du mardi au vendredi, de 10h à 17h
Samedi et dimanche, de 11h à 18h
Tarif plein : 14,50€
www.expo-2050.be

 

Cette exposition voyagera ensuite à Milan et peut-être sur d’autres continents.