Photographe américain, Aaron Siskind (1903-1991) a commencé sa carrière à New York dans les années 1930 au sein de la prestigieuse New York Photo League dont les travaux tenaient plus de l’enquête que du reportage. C’est dans cet esprit que ce fils issu d’une famille juive immigrée de Russie réalise notamment un documentaire sur Harlem entre 1936 et 1940, autour de la crise économique et des difficultés sociales. Toutefois, à partir de 1943, il se tourne aussi vers une photographie symbolique et abstraite, à partir d’objets abandonnés ou trouvés sur l’île de Martha’s Vineyard et à Gloucester, dans le Massachussets, à laquelle il confère une dramaturgie et une puissante poésie. Parallèlement, tout en enseignant la photographie dans différentes écoles (Trenton Junior College, à Trenton (New Jersey), Black Mountain College en Caroline du Nord, créé par le peintre Josef Albers, Institute of Design de Chicago…), il se consacre de plus en plus à la photographie architecturale, qu’il considère comme le vrai prolongement de son engagement documentaire.
« Un photographe à part entière, au-delà de tout pictorialisme, passionné par la confrontation d’univers culturels ou esthétiques multiples », souligne Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon Populaire et commissaire de cette exposition, la première depuis plus de 30 ans, constituée de près de 250 tirages originaux, dont beaucoup d’œuvres inédites.
Catherine Rigollet
Photo : Aaron Siskind, Harlem, 1940. Épreuve de collection. Épreuve au gélatinobromure d’argent, 24,6 × 21,7 cm. Center for Creative Photography, University of Arizona, Aaron Siskind Archive 90.19.58