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La fantaisie créative d’André Devambez

Est-ce le même artiste qui a peint des choses aussi différentes ? Se demande-t-on en parcourant la rétrospective de quelque 250 œuvres que le Petit Palais consacre à André Devambez (1867-1943). Fils d’un graveur et éditeur d’art parisien, ce talentueux dessinateur, Prix de Rome en 1890, s’avère vite un touche-à-tout après ses quatre années passées à la Villa Médicis à Rome pour parfaire son apprentissage. Peinture, gravure, illustration, il expérimente tout, fait des portraits, des scènes de genre, des paysages et fait preuve surtout d’une imagination débordante et savoureuse lorsqu’il illustre des revues et des ouvrages.

Artiste de la Belle Époque, Devambez est attiré par la vie moderne, les nouveaux moyens de locomotions surtout, mais s’intéresse aussi à l’histoire et aux univers oniriques, capable d’alterner les sujets graves comme des vues de tranchées durant la Grande Guerre (engagé volontaire en 1915 comme peintres dans la section de camouflage du 1er régiment du Génie, il sera grièvement blessé le 3 juin 1915 près d’Armentières) et les sujets légers comme des publicités pour la Phosphatine Fallières. Fasciné par l’aviation, il peint des avions…très fantaisistes, comme s’il les voyait du dessus, dans un autre avion, et des taxis volants pour éviter les encombrements parisiens. Il excelle d’ailleurs à peindre des vues aux cadrages en plongée vertigineuse. Un des exemples les plus célèbres de ses points de vue originaux est La Charge (l’assaut d’un cordon d’agents de police contre des manifestants) conservée au musée d’Orsay.

Son humour, son imagination et son goût pour les couleurs se débrident dans ses illustrations pour livres, tels Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift ou cet amusant Auguste a mauvais caractère mettant en scène un gros poupon joufflu. Burlesques aussi sont ses compositions sur le Moyen-Age avec des petits personnages brossés dans un esprit breughélien (Le dompteur d’ours). Sa fantaisie peut être plus grinçante comme dans son illustration d’Une invasion de Macrobes d’André Couvreur, un récit d’anticipation racontant la destruction de Paris par des microbes géants en forme de dinosaures avec des trompes d’éléphant pour tout aspirer...
Mais il n’est jamais aussi séduisant que dans ses tableaux miniatures où en quelques coups de pinceaux il brosse des portraits de famille, des paysages de bord de mer en Normandie et surtout des scènes de genre croquées dans les rues de Paris : l’heure de pointe dans le métro, un chien enragé, une rixe, des buveurs d’absinthe, des chanteurs de rue, ou encore ces nourrices au Luxembourg, assises en rang d’oignon, surveillant des bambins jouant dans le sable. Des dizaines de ces tableaux de poche sont exposés dans la rétrospective que lui consacre le Petit Palais, en partenariat avec le musée des beaux-arts de Rennes. Une œuvre, assez inégale il faut le reconnaître, mais tellement variée, foisonnante, pleine de vie.

Catherine Rigollet

Visuels : André Devambez, Les Avions fantaisistes, 1911-1914. MUDO, musée de l’Oise.
André Devambez, Le Luxembourg. Huile sur carton. Galerie Fabienne Fiacre.
André Devambez, Le dompteur d’ours. Huile sur carton. Mission de préfiguration du musée du Grand Siècle © Département des Hauts-de-Seine / Musée du Grand Siècle – Donation Pierre Rosenberg – Suzanne Nagy.
Vue de l’exposition.
Photos L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 9 septembre 2022 au 5 février 2023
Petit Palais
Av. Winston Churchill – 75008 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Tarifs : 11€/9€
https://www.petitpalais.paris.fr