Dès l’entrée dans l’exposition, les visiteurs reçoivent une réplique de la carte d’embarquement que portaient les passagers du Titanic et sont transportés en 1912. Commence alors un voyage dans le temps pour découvrir l’histoire du Titanic, de sa construction au naufrage, en passant par la vie à bord et les missions de récupération des objets au fond de l’océan.
1898 : Sur les tables des libraires apparaît un court roman d’un certain Morgan Robertson, « Futilité » ou « le naufrage du Titan ». Il décrit assez brièvement le naufrage d’un paquebot réputé insubmersible lors d’une collision avec un iceberg. Naufrage qui sert surtout de cadre pour une étude sans complaisance de la société de la fin du 19e siècle. 15 avril 1912 : ce qui n’était que fiction devient dramatique réalité. Le Titanic, fine fleur des paquebots de la White Star, heurte un iceberg et coule lors de sa première traversée transatlantique. Sur les 2205 personnes à bord, 1500 ne survivront pas. On ne localisera l’épave à 4 000 mètres de profondeur qu’en 1985.
Soyons honnête ! Le Titanic occupe tous nos imaginaires et on n’hésitera donc pas à braver la foule des visiteurs qui se pressent dans les salles climatisées à 21 degrés, scotchés à leurs audioguides (gratuits) et ... à embarquer. La construction du paquebot, illustrée par des photos, des films ainsi que des outils ou du petit accastillage (taquet bossoir, feux) remontés à la surface nous rassure. Le voyage sera agréable, si l’on en juge par les reconstitutions de salons, d’une cabine de 1re classe, les photos des ponts promenades, l’affichage d’un savoureux menu (toujours pour la 1re classe)… ou de celui, plus ordinaire, pour la 3e classe. On peut monter et descendre le Grand Escalier lambrissé qui débouchait sur le restaurant (de la 1re classe), et arpenter la coursive du quartier de l’équipage en jetant un coup d’œil sur leurs couchettes, qui ont l’air plutôt confortables. On s’y croirait presque !
Ceci pour la partie rêve. L’émotion, elle, accompagne la présentation d’objets appartenant au paquebot, comme de la vaisselle encore intacte, ou, plus encore, d’objets qui appartenaient aux passagers, dont certains propriétaires ont même pu être identifiés. Une bague ornée d’un diamant de belle taille, un carnet de notes, une veste « prince-de-galles », un petit sac de soirée, une carte à jouer... Des objets qui renvoient à ceux, toutes classes confondues, dont l’histoire nous est brièvement contée. Certains noms sont célèbres, comme John Jacob Astor, propriétaire de l’hôtel new-yorkais Waldorf-Astoria ou Benjamin Guggenheim, industriel et père de la fameuse Peggy. Son chauffeur français, logé en 2e classe, lui non plus n’a pas survécu. D’autres, sans notoriété -quelle que soit la classe où ils voyagent-, ont péri, mais d’autres ont survécu, comme deux gamins de moins de 5 ans poussés dans un canot par un père aimant qui resta à bord. La dernière salle initie le visiteur aux opérations de récupération, non pas de l’épave trop fragile pour être déplacée, mais des 5000 objets qui ont pu être remontés lors de huit expéditions menées par RMS Titanic, Inc. entre 1987 et 2010, seule société autorisée à prospecter le site et conserver les objets récupérés.
Une exposition sur une tragédie devenue mythique, grâce à la littérature et au cinéma. Une présentation à la fois spectaculaire et sobre, qui séduit notre attirance pour le luxe et l’élégance des autres, mais met en valeur le côté humain de l’entreprise. Depuis les ouvriers qui construisirent le paquebot à ceux qui, passagers ou équipage, se montrèrent héroïques (comme l’orchestre de bord qui s’enfonça en musique dans les eaux glacées) ou à ceux qui survécurent et eurent le courage de témoigner.
Un passionnant voyage, sans danger, mais pas bon marché...
Elisabeth Hopkins
