Bertoin, Anne - Peintre

Anne Bertoin dans son atelier

Anne Bertoin dans son atelier

Anne Bertoin dans son atelier

Anne Bertoin dans son atelier

Anne Bertoin dans son atelier

Anne Bertoin dans son atelier

Palette d’Anne Bertoin

Palette d'Anne Bertoin

Anne Bertoin à l’oeuvre

Anne Bertoin à l'oeuvre

Barmaid sous la mer

Barmaid sous la mer

Ermites

Ermites

Ma Sérénade

Ma Sérénade

Avant-Postes

Avant-Postes

La Volga

La Volga

Astrolabe

Astrolabe

Côme

Côme

Renaissance

On la croit abstraite, Anne Bertoin est une figurative. De ses grandes toiles où le bleu sombre, le gris nacré et le noir velouté dominent, émergent depuis quelques années des traces de vie. Des formes humaines « recolonisent » l’espace. C’est un corps de Bacchus semblant assoupi dans l’eau (Barmaid sous la mer, 2019). Un petit personnage, la tête entourée d’un halo blanc, errant dans ce qui nous apparait comme une immense clairière calcinée (Ma Sérénade, 2019). C’est encore un vieil homme encapuchonné, appuyé sur un bâton, perdu au milieu d’un escarpement rocheux d’un bleu glaciaire s’éclaircissant vers l’horizon pour ouvrir la perspective vers le lointain, à la manière des paysages flamands du XVIIe siècle (Ermites, 2018).

Car le paysage est bien le véritable sujet des tableaux d’Anne Bertoin. Des paysages étranges, de désolation ou de destruction, « post-apocalyptiques » évoque-t-elle. Des témoins de désastres dont on ignore la cause : guerre, catastrophe écologique…Mais porteurs de traces de vie, même infimes, faisant germer l’espoir « d’une survie au cœur de l’histoire collective ». D’une renaissance.
Tout commence par une peinture vinylique liquide et très transparente jetée de façon pulsionnelle sur la toile, dans une gestuelle proche de l’Action Painting, et que l’artiste laisse couler, avant de retravailler ces tâches et ces éclaboussures. À partir des hasards de la matière picturale, Anne Bertoin construit l’espace, ajoute, retranche, trace des lignes, maximise les effets, crée des lignes de fuite, finissant par donner du sens à l’aléatoire, par faire sortir des images, offrir des sensations, ébaucher une trame narrative, ambigüe, captivante.

Ce travail, fondé sur l’improvisation, est aussi un travail issu de 40 ans de peinture. La trace de l’expérience vécue. À 14 ans, la brune adolescente née à Lyon en 1963 avait déjà le goût de peindre. Au cours de ses explorations muséales, la découverte de La Méduse du Caravage l’a convaincue qu’on pouvait dire des choses grâce à la peinture. Désireuse d’une formation figurative, elle suit l’atelier de Leonardo Cremonini aux Beaux-Arts à Paris. Puis elle s’envole vers le Canada poursuivre sa formation (Bachelor en Studio Art), notamment en sculpture, qu’elle pratique toujours, comme le dessin, dans une grande sobriété d’expression, mais avec humour. Elle restera vingt ans au Canada, inspirée par les grands espaces et « ce ciel si haut là-bas ». Puis il y aura Berlin, Leipzig, le retour à Lyon en 2014 et depuis septembre 2019 l’installation en proche banlieue parisienne.
La puissance psychique de ses grands paysages semble décuplée dans son petit atelier. Preuve s’il le fallait que la force de l’imaginaire abat les murs.

Catherine Rigollet (novembre-décembre 2019)
Photos d’Anne Bertoin : Lionel Pagès