Sur un des côtés de la vaste cour vitrée du pavillon central du Familistère de Guise, cet incroyable Palais social que nous vous présentons par ailleurs dans L’Agora des Arts ([En savoir plus.->article946), l’artiste britannique Francis Cape (né en 1952), formé à l’ébénisterie et à la sculpture sur bois, a posé ses Bancs d’utopie pour l’exposition « Utopian Benches/We Sit Together ». Ces vingt bancs en bois, de forme différente, sont des répliques de ceux utilisés par des communautés utopiques américaines et européennes, la plupart actives au XXe siècle ou encore aujourd’hui, hormis pour le Familistère et New Lanark (Écosse, 1800-1825). Ces bancs, placés au cœur de ce Familistère d’inspiration fouriériste, symbolisent le partage et l’égalité contre le matérialisme individualiste actuel. Pendant l’exposition, ils serviront à des rencontres, des conversations publiques et des interventions théâtrales. Une agora en utopie ! Si les huit bancs américains ont été fabriqués en peuplier par Cape pour une exposition en 2011, les douze bancs européens ont été créés en châtaignier avec l’aide de l’architecte Olivier Vadrot et ses étudiants du Master de design de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Une exposition des dessins en montre le travail d’ébauche. Ces bancs sont réunis à Guise pour la première et unique fois. Un livret retraçant l’histoire des communautés est distribué à l’occasion de l’exposition qui entend célébrer aujourd’hui des valeurs et des modes de vie alternatifs, mettant à mal les hiérarchies et l’individualisme. Comme depuis plusieurs années dans son œuvre, Francis Cape poursuit ainsi sa critique en douceur des sociétés capitalistes.
Jean-Michel Masqué
Visuels : Francis Cape, Bancs d’utopie (détail), exposition Familistère de Guise 2016. Vue aérienne du Familistère de Guise.