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Barbara Hepworth : une nouvelle esthétique dans la sculpture

Figure de la sculpture anglaise du XXe siècle, Barbara Hepworth (1903-1975) a participé au profond renouvellement des formes dans l’entre-deux-guerres. Cette première exposition monographique organisée au musée Rodin à Paris, en collaboration avec la Tate, présente sa carrière et son œuvre à partir des années 1930, ainsi que ses méthodes de travail grâce à l’évocation de son atelier de St Ives, en Cornouailles.

Encore aujourd’hui méconnue en France, Barbara Hepworth, qui côtoyait Henry Moore, Picasso ou Mondrian, a représenté le Royaume-Uni en 1950 à la Biennale de Venise avant de remporter le grand prix de la Biennale de Sao Paulo en 1959, révolutionnant la sculpture en faisant émerger une nouvelle sensibilité esthétique. Dessinant et sculptant non pas ce qu’elle voit, mais ce qu’elle ressent dans son corps. Travaillant de façon abstraite, pressentant que cela libère sa personnalité et aiguise sa perception, elle fait surgir des œuvres de matériaux pourtant très durs comme la pierre, le bois ou le marbre, puis le bronze. Des sculptures harmonieuses, pures et poétiques, nées d’une aspiration à un monde idéal et pacifique.

Accordant une grande importance au travail de la main, elle préfère tailler seule jusqu’en 1940, privilégiant l’outillage manuel aux machines électriques. Sa pratique de la sculpture est un véritable corps à corps avec la matière. Loin de l’expressionnisme puissant de Rodin, Hepworth est en quête d’une nouvelle esthétique avec son langage de formes libres, son inspiration puisée dans la nature. Tout particulièrement à St Ives, petit port de pêche bordé par la mer où elle s’installe en 1939 avec le peintre Ben Nicholson et leurs quatre enfants. Ainsi ce Pelagos (1946) ou ce Curved form (1956), des allusions aux vagues de la mer soulevées par le vent et qui nous ferait presque entendre la musique de l’eau.

Hepworth s’est toujours intéressée aux formes ovales ou ovoïdes ; son art résidant tout entier dans le jeu entre formes convexes et concaves, dans une constante opposition entre vide et plein, comme chez Mondrian, tels ces Menhirs (1964) percés ; un type de sculpture devenu sa signature. Sa sculpture organique et sensuelle, qu’on a envie de caresser, de saisir dans sa main ou dans ses bras, est aussi une vision du monde loin du pathos, de la construction ou de l’univers machiniste. « Mon objectif, écrivait-elle en 1934, est de « projeter dans un médium plastique un peu de la vision abstraite et universelle de la beauté ». Elle y est parvenue, avant de mourir dramatiquement à 72 ans, dans l’incendie de son atelier, nous laissant son œuvre intemporelle et universelle.

Catherine Rigollet

 À St Yves, le jardin des sculptures de Barbara Hepworth (confié à la Tate St Yves toute proche) est ouvert toute l’année. www.tate.org.uk

Visuel : Barbara Hepworth, Pelagos, 1946, bois d’orme et cordes. Tate.
Barbara Hepworth, Curved Form (Trevalgan), 1956. Bronze, H.90,2 – L. 59,7 cm. Tate. © Bowness 2019, ph. © Tate.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 5 novembre 2019 au 22 mars 2020
Musée Rodin
77, rue de Varenne – 75007 Paris
Tous les jours, sauf lundi
De 10h à 18h30
Tarif plein : 12 € (avec accès collections et jardin des sculptures)
www.musee-rodin.fr