À Sars-Poterie, gros bourg du bocage de l’Avesnois (Nord), le beau et passionnant MusVerre, riche d’une collection d’œuvres anciennes et contemporaines, revisite en verre le thème du cabinet de curiosités, cet ancêtre du Muséum d’histoire naturelle apparu à la Renaissance. Minéraux, coquillages, plantes séchées, objets ethnographiques, animaux empaillés et même prétendus restes d’animaux mythiques ou de monstres...les cabinets de curiosités étaient de véritables petits musées scientifiques qui avaient pour but de faire découvrir des trésors du monde du vivant ramenés de voyages toujours plus lointains. Des collections qui se sont rationalisées et diversifiées au XVIIIe sous l’influence des Lumières. L’exposition du Musverre présente un florilège des différentes facettes du cabinet de curiosités, réinterprétées par le verre contemporain.
S’y côtoient, comme il se doit, une diversité d’objets souvent surprenants. Des spécimens du monde microscopique comme ce très tendance virus du covid évoqué par Bernd Weinmayer (Covid20a). Des animaux du monde sous-marin tel ce somptueux et terrifiant poisson bleu translucide aux dents acérées de Jaromir Rybak (Fish’s new pet). L’herbier, un thème qui a toujours passionné les collectionneurs de curiosités, a inspiré nombre d’artistes verriers contemporains dont Lilla Tabasso avec un très réaliste Agapanthus aux fleurs plongées dans un vase. Côté faune terrestre, les insectes sont toujours prisés et l’artiste Jan Fabre -grand utilisateur de scarabées dans son œuvre- a joué une fois de plus les entomologistes démiurges en hybridant un scarabée et une branche de laurier, le tout dans un verre d’un vert tendre lumineux. Les animaux fantasmés sont aussi présents avec ce beau démon vert et bleu turquoise de Martha Klonowska, inspiré par Giotto. Les Vanités, en bonne place au sein des cabinets de curiosités, ne sont pas oubliées avec notamment cette composition de crâne, bougie, fruits et reliefs de repas de l’artiste verrier anglais Elliot Walker, servie sur un plateau (Aftermath Victuals).
Autant d’œuvres fascinantes par leur beauté fragile, l’éclat et la transparence de leurs couleurs et une créativité portée par un extraordinaire savoir-faire verrier.
Catherine Rigollet
Visuels : Elliot Walker, Aftermath Victuals, photo Simon Bruntnell.
Martha Klonowska, Demon d’après Giotto.
Jaromir Rybak, Fish’s new pet. Copyright, Lechaczynski.
