Le musée Jacquemart-André offre une occasion unique d’admirer une sélection de la prestigieuse collection réunie par le cardinal Scipion Borghèse (1577-1633), qui sous le pontificat de son oncle, Camille Borghèse -qui régna de 1605 à 1621 sous le nom de Paul V- s’est imposé comme l’un des premiers grands collectionneurs et mécènes de l’histoire de l’art moderne, faisant de sa somptueuse Villa Borghèse, un véritable musée avant la lettre. Commencée modestement par quelques œuvres reçues en héritage, la collection de Scipion Borghèse devient rapidement un riche ensemble constitué d’antiquités, de peintures et de sculptures des XVIe et XVIIe siècles.
BORGHESE. COLLECTIONNEUR, MÉCÈNE… ET RAPACE
Doté d’un goût sans préjugés, le cardinal est à l’affût de nouveaux talents. Il n’hésite pas non plus à utiliser des procédés peu licites pour acquérir ce qu’il convoite (En 1608, il commandite le vol en pleine nuit et le transfert à Rome de la Déposition peinte par Raphaël pour la chapelle des Baglioni à Pérouse) ou à utiliser la manière forte pour forcer des artistes à lui céder des œuvres ou à travailler pour lui (il fit emprisonner Le Dominiquin). Despotique, Scipion Borghèse peut aussi être généreux. Il prendra sous son aile le jeune Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, fils d’un sculpteur travaillant sur les chantiers pontificaux.
Quarante toiles et quelques sculptures du Bernin ont été sélectionnées par Francesca Cappelletti, directrice de la Galerie Borghèse à Rome et co-commissaire de l’exposition, parmi les plus iconiques de la collection. Tous les grands noms de l’art italien des XVIe et XVIIe siècle sont présents. Raphaël (La Dame à la licorne, vers 1506), Antonello da Messina (Portrait d’homme, vers 1476), Lorenzo Lotto (Vierge à l’Enfant avec saint Ignace d’Antioche et saint Onuphre, 1508), Véronèse (La Prédication de saint Jean Baptiste, vers 1562), Caravage (Garçon à la corbeille de fruits, vers 1595), Titien (Vénus bandant les yeux de l’Amour, v. 1560-1565), Bernin, Parmesan, etc. Ainsi que des peintres nordiques ayant séjourné en Italie (Rubens, Gerrit von Honthorst…). L’exposition rend aussi hommage à des peintres moins connus du grand public, tels qu’ Annibal Carrache, Guido Reni, Le Cavalier d’Arpin et Jacopo Bassano.
Une exceptionnelle exposition d’œuvres qui voyagent rarement à découvrir dans ce bel hôtel particulier parisien conçu par l’architecte Henri Parent au XIXe siècle pour Édouard André et son épouse la portraitiste Nelie Jacquemart. Riche de leur collection d’objets d’art et de tableaux de maître (Canaletto, Uccello, Mantegna, Bellini, Botticelli, Van Dyck, Rembrandt, Fragonard, Rembrandt...), leur demeure, devenue propriété de l’Institut de France et musée en 1913, vient de bénéficier d’une restauration de la cour d’entrée, de l’escalier à double volée, de la salle à manger, ainsi que du magnifique plafond peint par Giambattista Tiepolo.
C.R