Claire Lindner (née en 1982) dont nous avons publié un grand portrait dans l’Agora des Arts en 2022, et qui vient d’être nominée comme finaliste du Prix de l’artisanat 2023 décerné cet été par la Loewe Foundation à New York, poursuit son travail avec la terre, matière de son œuvre sculpturale pour suggérer des formes organiques végétales ou animales à la fois familières et énigmatiques. Brouillant la frontière entre matière inerte et matière vivante. C’est sa proximité avec la nature, doublée de son imaginaire fécond, qui lui donne envie de créer des sculptures en forme de tubercules, rhizomes, feuilles, concrétions, boudins, colombins, etc. Des œuvres rondes et dodues porteuses de la douceur de l’argile et enveloppées de couleurs pastel d’une sensualité sucrée.
Après l’exposition « Formes vivantes », à la manufacture de Sèvres à Paris, Claire Lindner présente le fruit du travail entrepris cette année durant sa résidence de recherches et de création à l’Institut Européen des Arts Céramiques (IEAC) à Guebviller en Alsace dans l’exposition Still Motion.
Cette résidence à l’IEAC a été l’occasion d’une rencontre artistique avec l’œuvre foisonnante de Théodore Deck, célèbre céramiste de Guebwiller dont on célèbre le bicentenaire, un artiste ayant mis au point un bleu turquoise inimitable : le bleu Deck, dont la recette est toujours conservée secrète. La relecture de l’œuvre de Deck a amené Claire Lindner à revisiter de manière contemporaine le concept d’ornement et tenter de lui donner vie et forme par le mouvement. Telle cette grande forme hybride et bestiale en argile dont l’apparence change de couleur en passant de l’humide au sec au cours de l’exposition. En collaboration avec les verriers de la Galerie Atelier du verre du Cerfav, l’artiste a aussi innové en associant la céramique et le verre et en produisant plusieurs pièces avec un nouveau procédé d’émaillage, inédit dans son travail.
C.R