Vous consultez une archive !

Créer. Dessiner pour les arts décoratifs 1500-1900. Collection du Rijksmuseum, Amsterdam.

Depuis une dizaine d’années, le Rijksmuseum d’Amsterdam mène une intensive politique d’acquisitions pour rassembler un important ensemble de dessins d’arts décoratifs afin de faire le lien avec sa fameuse collection d’objets d’art et de pièces de mobilier (plats, tasses, chandeliers, cadres pour miroir, torchères et lustres, coffrets, boites à bijoux, vases, heurtoirs de porte, secrétaires marquetés, tables, fauteuils…).
Ces objets – et les dessins qui les illustrent – accompagnaient le quotidien des dignitaires qui les avaient commandés, ornaient leur demeure ou des édifices religieux.
Le plus souvent anonymes, ces dessins révèlent parfois la main d’un artiste connu – ébéniste, orfèvre, sculpteur ou peintre – ou peuvent être rattachés à son atelier. Tel celui de Johannes Lutma (1584-1669), le plus fameux orfèvre du XVIIe siècle à Amsterdam, ou celui de Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), architecte et ornemaniste français du style rocaille. Celui des Valadier, éminente dynastie d’orfèvres romains au XVIIIe et XIXe siècles, ou encore l’architecte français Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879), le sculpteur français Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) et bien sur l’illustre joaillier français de l’Art nouveau René Lalique (1860-1945). Les dessins de ce dernier rencontrèrent un tel succès qu’ils furent collectionnés par ses prestigieux clients, au premier rang desquels le passionné d’art Calouste Gulbenkian (1869-1955), magnat du pétrole d’origine arménienne qui ne voulait « rien que le meilleur » et qui légua son immense collection d’art à une fondation portugaise portant son nom.

En dessinant sur le papier, l’artiste exprime sa première idée pour une œuvre d’art ; le dessin devenant son véritable outil de création. Certaines feuilles ne sont que des esquisses, mais extrêmement soignées et détaillées, d’une grande préciosité des motifs : gerbes de feuillages, fruits, coquilles, rinceaux, têtes de chevaux ou de licornes, putti, Psyché et Amour, etc. D’autres sont beaucoup plus achevées, constituant la projection de l’objet prêt à être réalisé ou une représentation idéale destinée à inciter un mécène à commander une œuvre d’art. Si ces dessins ont donc avant tout une fonction pratique : être un élément clé de la conception des objets, de leur fabrication ou encore de leur commercialisation, la plupart sont de véritables œuvres d’art, en raison de leurs qualités esthétiques, de leur exécution parfois virtuose et furent collectionnés parles amateurs autant que par les artistes qui y puisèrent l’inspiration. Ainsi cet incroyable projet de décoration du mur du fond d’une galerie par Alexandre Bruel (Lyon 1869- Paris 1954). Un décor d’un incroyable raffinement et d’une précision dans les détails, totalement imaginaire et idéal, mélangeant des éléments rocailles, néoclassiques ou néo-Renaissance et qui n’avait pas pour but de préparer un véritable décor, mais qui influença sans aucun doute le goût du public, celui des artistes et des artisans.

À partir d’une sélection de près de 200 dessins d’art décoratifs du XVIe au XIXe siècle issus du Rijksmuseum, complétée de quelques pièces d’orfèvrerie et de mobilier, cette exposition propose de découvrir un nouvel aspect des fonctions du dessin et de son rôle central dans le processus de création d’une œuvre d’art.
(Catalogue en anglais dirigé par Reinier Baarsen, conservateur des arts décoratifs du Rijksmuseum, 49€).

 En parallèle, la Fondation Custodia présente l’exposition Cabinet de dessins néerlandais. Le XVIIIe siècle. Collection des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Si quantité de feuilles du XVIIe siècle sont des études préparatoires à des tableaux, d’autres étaient des dessins achevés et vendus comme des œuvres en soi, bien que sur du papier. Et le phénomène s’est répandu au XVIIIe siècle. Quelque 80 feuilles couvrant une période s’étendant de 1670 à 1820 (scènes de genre, paysages, marines, natures mortes) de diverses techniques (pierre noire, encre, aquarelle, gouache…) issues de la collection des Musées royaux des Beaux-arts de Belgique sont à admirer dans les salles du sous-sol de la Fondation Custodia. Un bien joli cabinet de dessins qui s’accompagne de la parution d’un catalogue en français sous la direction de Stefaan Hautekeete, conservateur des dessins aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (29€).

Catherine Rigollet

Visuels exposition « Dessiner pour les arts décoratifs » :
Projet pour un plat en argent. Italie, peut-être Rome, vers 1700-1715. Plume et encre brune, lavis brun et gris, sur un tracé à la pierre noire.
Projet pour un heurtoir. Attribué à Ubaldo Gandolfi (San Matteo della Decima 1728–1781 Bologne), Bologne, vers 1760-1770. Plume et encre brune, lavis brun, sur un tracé à la pierre noire. – 287 x 200 mm. Amsterdam, Rijksmuseum.
Projet pour un ornement de table en verre (trionfo), Maître du lavis bleu. Florence, vers 1650-1675. Plume et encre brune, lavis bleu, sur un tracé à la pierre noire. – 269 × 201 mm. Amsterdam, Rijksmuseum.

Visuel exposition « Cabinet de dessins néerlandais » : Hermanus van Brussel (Haarlem 1763 – 1815 Utrecht), Le Popelingsgat à Haarlem, vu en direction de la Korte Annastraat, 1800. Plume à l’encre brun-rouge et grise, aquarelle. – 217 × 253 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/522. Photo © johan artphoto.solutions.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 25 février au 14 mai 2023
Fondation Custodia
121 rue de Lille 75007
Tous les jours, sauf lundi, 12h-18h
Tarifs : 10€/7€
https://www.fondationcustodia.fr/