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Damien Hirst. Cherry Blossoms

Pour un tel projet, il fallait un studio monumental dans lequel l’artiste pourrait « se perdre dans ses peintures ». Damien Hirst (né en 1965) l’a trouvé et y a créé, seul (plus d’assistants pour nettoyer ses pinceaux et mixer ses couleurs) en trois ans, 107 toiles dont 30 ont été choisies pour cette exposition, la première de l’artiste dans une institution muséale française.

Après son projet vénitien fou et mégalo de 2017, Treasures from the Wreck of the Unbelievable*, l’artiste offre un retour à une peinture très personnelle de paysage, de nature, même si on s’amuse à imaginer que sa technique picturale s’inspire de l’expressionnisme abstrait pour le format magistral, de l’impressionnisme voire le pointillisme pour la touche du pinceau, de l’action painting pour les projections de peinture, voire même des peintures banales de floraisons de cerisiers ou d’amandiers créées à la chaîne en Asie (Hirst dit lui-même de ses toiles : « there is something tacky about them », au sens de « de mauvais goût, ringard ».) Mais l’accrochage dans le bâtiment lumineux de Jean Nouvel crée une atmosphère joyeuse, les couleurs pastel sont apaisantes, et les coups de pinceau requièrent que l’on s’approche au plus près des toiles.

Hymne à la beauté éphémère si bien célébrée dans les haïkus japonais (Alberto Manguel en cite dans sa contribution au catalogue), chaque toile nous aspire au cœur des branches fleuries. Pas de troncs qui s’enracinent dans la terre, mais des ciels céruléens vus au travers de la dentelle de pétales. L’artiste joue sur les gammes de blancs, roses et bleus, posés sur la toile en empâtements mouvementés, parfois striés d’une coulure à la Pollock, ou ponctués de taches vertes (des feuilles ?), ou rouges, bleues ou caramel (des oiseaux ?). Mais qu’importe, c’est moins le détail qui importe que l’atmosphère. Elle incite le regardeur à philosopher sur le temps qui passe, la mort (grande inspiratrice de l’artiste dans le passé) qui s’affaire dans la nature comme chez l’homme, la beauté naturelle pour laquelle nul n’est besoin de la main humaine.

L’exposition est « jubilatoire », s’enthousiasme le directeur de la Fondation, Hervé Chandès. On ne le contredira pas.

Elisabeth Hopkins

* « Treasures from the Wreck of the Unbelievable » est le projet le plus ambitieux jamais produit par Damien Hirst. Dix ans de travail auront été nécessaires pour que l’artiste mène à bien ce projet artistique extraordinaire, au sens littéral du terme, narrant l’histoire du vaisseau antique Unbelievable (Apistos en grec koinè), de son naufrage et de la découverte de sa précieuse cargaison : l’impressionnante collection de Aulus Calidius Amotan, un esclave affranchi plus connu sous le nom de Cif Amotan II, destinée à un temple dédié au soleil.
https://lagoradesarts.fr/-Damien-Hirst-Treasures-from-the-wr...

Visuel : Damien Hirst in his studio, 2020 © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved, DACS 2021. Photographed by Prudence Cuming Associates.
Cherry Blossom (détail), 2019 © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved, DACS 2021

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 6 juillet 2021 au 2 janvier 2022
Fondation Cartier pour l’Art Contemporain
261, boulevard Raspail, 75014 Paris
Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 20h
Nocturnes le mardi jusqu’à 22h
Entrée : 11 €
www.fondationcartier.com