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Dubuffet. Scriptions, jargons, gribouillis

Jean Dubuffet (1901-1985), d’abord négociant en vin avant de se consacrer pleinement à la peinture dans les années 40, est bien davantage qu’un grand artiste d’art brut, fasciné par la production picturale des malades mentaux, et adepte du rouge et du bleu. Il a construit un œuvre prolifique, très complet, en marge de tous les courants, et ce provocateur n’a eu de cesse de bousculer les frontières et les regards, dès sa première exposition -très controversée- à la Galerie Drouin à Paris, en 1944.

Peintre, lithographe, sculpteur, « architecte » (construction de La Closerie Falbala à Périgny-sur-Yerres, 1971-73), passionné de musique, notamment de jazz, Dubuffet fut aussi écrivain et poète. Ses amis de jeunesse lui ont même prêté une double vocation, prétendant qu’écrire lui aurait mieux convenu que peindre. Il souhaitait pourtant se débarrasser du poids des connaissances et de la culture, mais écrivait beaucoup, de manière fort pertinente sur ses œuvres, comme sur l’art en général (L’art brut préféré aux arts culturels, 1949), glissait de l’écrit dans ses œuvres un peu à la manière du lettrisme, mais de manière plus automatique, moins contrôlée, donnait un soin particulier aux titres de ses travaux, et entretenait une intense correspondance avec ses amis. Ainsi ses relations nouées avec Gaston Chaissac (dont il a collectionné les œuvres) ont débuté sous le signe de l’écriture. Leur correspondance, constituée de 448 lettres, est une mine pour relire leurs œuvres. L’exposition Chaissac – Dubuffet. Entre plume et pinceau présentée jusqu’au 28 septembre 2013 le démontre. Toutefois Dubuffet ne se déclarera jamais pleinement satisfait de ses écrits, aussi pleinement qu’il le fut de ses travaux de peinture. Des Messages de 1944 aux noires Scriptions des Non-lieux de 1984, du graffiti quasi illisible au gribouillis hautement cérébral, une exposition organisée à la Fondation Dubuffet à Paris explore cette présence de l’écrit dans la peinture de Dubuffet. « Une forme d’écriture qui, si elle semble parfois relever davantage du peindre que de l’écrire, révèle la porosité qui existe entre les deux pratiques » souligne la commissaire Sophie Webel.

Catherine Rigollet

 Jean Dubuffet fit, en 1967, le choix d’offrir au musée des Arts décoratifs sa collection personnelle composée de 21 tableaux, 7 sculptures et 132 dessins. Constituée à partir de 1942, elle forme un ensemble chronologique et expérimental de ses travaux couvrant les périodes qui précèdent l’Hourloupe. Elle est présentée dans une galerie particulière. www.lesartsdecoratifs.fr

Visuel : Jean Dubuffet, Logos I, vinyle sur papier entoilé, 1965, 54 x 65 cm. Collection Fondation Dubuffet, Paris. © Fondation Dubuffet/ADAGP. Paris

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 22 mars au 12 juillet 2013
Fondation Dubuffet (centre d’études et salle d’expo)
137, rue de Sèvres, 75006
Du lundi au vendredi, de 14h à 18h
Tél. 33 (0)1 47 34 12 63
www.dubuffetfondation.com


 On peut aussi voir des œuvres de Dubuffet sur le 2e site de la Fondation Dubuffet, à Périgny-sur-Yerres (94), à proximité de la Closerie Falbala. Ouvert toute l’année, sauf les lundis, mercredis et jours fériés. Visite guidée de la Fondation Dubuffet (durée 1h30), uniquement sur rendez-vous en téléphonant au 01 47 34 12 63.


 La collection personnelle d’art brut de Jean Dubuffet est conservée à Lausanne, dans le château de Beaulieu.
www.artbrut.ch