Vous consultez une archive !

Dufy. Le bonheur de vivre

Raoul Dufy (1877-1953) n’est pas seulement un très grand peintre. Cet artiste, un temps associé au groupe des fauves avec ses toiles pleines de fantaisie et de séduction par leurs couleurs vives et leur manière d’exprimer « le bonheur de vivre », est aussi un talentueux décorateur. Sa créativité s’est exprimée dans tous les domaines : tapisserie, céramique, grande peinture murale, illustration de livres, arts de la scène et même mode. Si La Fée électricité, gigantesque fresque créée pour le hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars pour l’Exposition Universelle de 1937, reste son œuvre décorative majeure (installée au Musée d’Art Moderne de Paris), le Palais Lumière d’Évian révèle en 200 œuvres toute la diversité et la profusion de sa production décorative. On y retrouve tout ce que Dufy célèbre dans sa peinture : les jardins en fleurs, les chevaux, les rues pavoisées, les femmes, Paris, la musique (Dufy issu d’une famille de musiciens joue de l’orgue) et bien sûr la mer et les bateaux, que ce natif du Havre peint avec passion. Un répertoire nourrit de vie quotidienne et de mythologie.

Dans tous les domaines, Dufy fait preuve de la même aisance, du même génial coup de crayon, de la même souplesse des lignes, de la même magie des couleurs (son bleu électrique captive le regard), du même art de la composition éclatée et de la simplification des formes, comme sa façon bien à lui de peindre des vagues avec des lignes de v retournés ou des petits triangles, même s’il ne s’interdit pas quelques artifices répétitifs. On découvre ses dessins et modèles destinés à être transposés en tissus d’habillement ou d’ameublement pour le couturier Paul Poiret, puis le soyeux lyonnais Bianchini-Férier, telles ces trois robes du soir Les écailles, La Vague et La Corrida. Ses gravures sur bois illustrant Le Bestiaire d’Apollinaire. Ses décors et costumes de la création de Darius Milhaud, Le Bœuf sur le toit. Mais aussi ses cartons qui seront tissés par la manufacture de Beauvais ou les ateliers Aubusson pour des tapisseries murales ou d’ameublement (Dufy créera même son propre atelier de tissage, L’atelier de Paris). Ou encore ses décorations de vases et surtout de « fontaines et jardins de salon », surprenants petits monuments miniatures japonisants et précieux, très en vogue dans les années 1920, façonnés pour Dufy par le célèbre céramiste catalan Josep Llorens Artigas.

Lors d’un entretien publié dans la revue L’Art vivant, en août 1928, Artigas, qui collabora aussi avec Miro, Braque et Picasso, ne tourne pas autour du pot en parlant de l’art de Dufy : « Il n’y a pas de secrets en décoration et des hommes comme Dufy, comme Picasso, lorsqu’ils mettent la main à la pâte, c’est bien le cas de le dire, en huit jours connaissent mieux la technique même du métier que les artisans-décorateurs qui n’ont fait que cela toute leur vie. Ils ont de surcroit le talent et même le génie ». On acquiesce volontiers.

Catherine Rigollet

 À l’occasion de l’exposition, un catalogue de 192 pages est publié sous la direction d’Olivier Le Bihan. Éditions Snoeck, 35€.

Visuels page expo : Raoul Dufy, Vénus anadyomène, 1940. Atelier Legoueix, Aubusson. Tapisserie de lice, 92 x 70 cm. ©Isabelle Bideau ©ADAGP, Paris 2017.
Raoul Dufy, modèle - André Groult, mobilier, Paravent, Paris Meuble 34, 1933. Hêtre laqué brun nuagé d’or, tapisserie de Beauvais. Collection Mobilier national, Paris. Photo L’Agora des Arts.
Raoul Dufy, robes du soir « Les écailles », « La Vague » et « La Corrida », soie (fabricant Bianchini-Férier, couturier Mongi Guibane), 2007, Lyon collection Bianchini-Férier. Photo ©L’Agora des Arts.
Visuel page d’accueil : Raoul Dufy, décorateur - Josep Llorens Artigas, céramiste, La coupe bleue, 1938. Céramique, 20,5 cm, diamètre 25 cm. Sèvres, Cité de la céramique © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde © ADAGP, Paris 2017. Raoul Dufy et Josep LLorens Artigas, Hommage à Claude Lorrain, (détail) vers 1930, panneau d’un jardin de salon inachevé, céramique émaillée, 13,5 x 32 cm. Collection particulière, Photo Jean-Louis Losi Paris © ADAGP, Paris 2017.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 11 février au 5 juin 2017
Palais Lumière
Quai Albert-Besson – 74 500 Evian
Tous les jours, de 10h à 19h, sauf lundi, de 14h à 19h
Plein tarif : 10€
Tél. 04 50 83 15 90
www.palaislumiere.fr