Gore, Elisabeth - Peintre

Elisabeth Gore dans son atelier

Elisabeth Gore dans son atelier

Briser le silence

Briser le silence

C’est toujours plus compliqué qu’on ne le croit

C’est toujours plus compliqué qu'on ne le croit

Elisabeth Gore dans son atelier

Elisabeth Gore dans son atelier

Le désir de réparation

Le désir de réparation

Elisabeth Gore

Elisabeth Gore

Météore déchue

Météore déchue

Jamais fini

Jamais fini

L’autre monde

L'autre monde

Naître malgré tout

Naître malgré tout

« Dessiner des histoires, c’était mon seul langage à quatre ans, ma façon de communiquer », confie Elisabeth Gore. Mais quand la parole est venue, l’artiste en herbe n’a pas pour autant abandonné crayons et pinceaux. Modèle d’un sculpteur dès l’adolescence, fascinée par la lumière de la Côte d’opale qui l’a vue naître en 1963, motivée par l’implication et la justesse de l’œuvre de peintres et sculpteurs du Nord rencontrés dans sa jeunesse tels Eugène Leroy, Jacques Dodin et Charles Gadenne, elle a poursuivi naturellement son inclination : peindre pour raconter des histoires, où plus exactement la sienne. Pour ne pas oublier d’où elle vient, apaiser des tourments peut-être, comme certaines de ses œuvres : Briser le silence, Le désir de réparation, Météore déchue, Naître malgré tout…nous le suggèrent.

Une résilience en peinture que cette longue femme brune « en quête d’épure, de sensibilité et d’émotion », exprime par l’abstraction depuis le début des années 2010. Presque à rebours de la grande tendance au retour à la figuration. Peu lui importe. Ses fresques aux couleurs naturelles, jaune sable, ocre rouge, terre de sienne, blanc crayeux évoquent des peintures pariétales. On y voit des bombements, des aspérités, des petits signes (croix, lignes, pointillés) et des formes (cocons, ovules, matrices, astres, arbres) d’une grande finesse de traits, souvent apposés à l’encre ou au pastel et surtout des grattages pour faire surgir ça et là une petite trace antérieure, « car il ne faut pas recouvrir sa vie ». Des empreintes qui révèlent de surprenantes couleurs vives, bleu outremer, violet irisé ou rouge sang dont l’artiste enduit d’abord chaque toile, avant d’adoucir sa gamme chromatique dans une matière acrylique travaillée en une superposition de couches qu’elle a tendance à affiner depuis quelques mois. Comme un besoin de s’alléger, de faire le vide.

Il faut prendre le temps de regarder ce monde entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, habité par une méditation sur l’usure du temps, la disparition, les obstacles, et nourri de ces innombrables choses vues ou vécues que l’artiste elle-même ne saurait toujours expliquer. Un univers poétique et complexe, que l’on perçoit de prime abord immobile, dépeuplé, avant que quelques traces humaines ou végétales viennent le réveiller, tel l’espoir d’un nouveau souffle de vie jaillissant du cosmos.

Texte : Catherine Rigollet (septembre-octobre 2016).
Portraits d’Elisabeth Gore, photos d’atelier et toile Naître malgré tout, 2016 : Lionel Pagès.
Photos des œuvres : E. Gore.