Renard, Emmanuelle - Peintre

Emma Renard dans son atelier

Emma Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

E. Renard dans son atelier

Vue de la palette d’E. Renard

Vue de la palette d'E. Renard

Cheval-jupon

Cheval-jupon

Lisbonne, diptyque, 2016

Lisbonne, diptyque, 2016

L’Iguane de Kottakuppam

L’Iguane de Kottakuppam

Série La Cuisine des nécessités

Série La Cuisine des nécessités

Restes festifs II, 2010

Restes festifs II, 2010

Nature vivante, 2016

Nature vivante, 2016

Série À Sauts et à gambades

Série À Sauts et à gambades

Série À Sauts et à gambades

Série À Sauts et à gambades

Sitges II

Sitges II

Dans l’atelier d’E. Renard

Dans l'atelier d'E. Renard

Emmanuelle Renard

Emmanuelle Renard

Fictions rabelaisiennes

Entrer dans l’univers d’Emmanuelle Renard, c’est un peu suivre le lapin blanc et pénétrer, comme Alice, dans un monde extraordinaire de prodiges et de menaces. Un monde tout droit sorti de sa mémoire, de ses rêves, de ses pérégrinations de Vallauris à Pondichéry, de Moscou à Lisbonne…et où l’on croise l’histoire de l’art au fil des toiles.

Un univers fantastique, constitué de fictions, badines, érotiques, cruelles…comme chez Ovide. Elles mettent en scène des êtres aux masques grimaçants, qui se contorsionnent, nus, en proie à leurs fantasmes, à leurs angoisses, à leur vanité. On y voit des Don Quichotte en guerre sempiternelle, des personnages truculents croquant la vie et de pauvres hères en plein questionnement, entourés d’un fabuleux bestiaire (âne, taureau, cheval, serpent, homard, poulet, oursin, iguane), de quelques chimères et de chevaux-jupons issus des arts folkloriques. On se regarde dans un miroir comme chez Goya. On se balance sur des escarpolettes comme chez Fragonard. On s’y embrasse à pleine bouche, on y festoie, on y éructe et on y boit en renversant les verres de vin comme chez Rabelais, avec la puissance tout en fluidité d’un Paul Rebeyrolle. Il y a souvent un homard caché comme chez Dali. Les villages et les ânes volent comme chez Chagall, on croirait même entendre les violons de la musique Klezmer…Il est vrai qu’une discrète musique emplit l’atelier d’Emmanuelle Renard ; elle lui est nécessaire pour créer sa peinture pantagruélique et chaotique, onirique et baroque. Une peinture sérielle, avec son vocabulaire de motifs récurrents : poireaux, tomates, bouquets de fleurs écarlates, théière (elle boit beaucoup de thé), damiers (comme chez Garouste), oursins, qui dévoile les obsessions de l’artiste et révèle –peut-être ses angoisses enfouies, comme en chacun de nous.

Fille du peintre, céramiste, sculpteur et graveur James Coignard (1925-2008), Emmanuelle Renard a d’abord abordé la peinture par l’abstraction au sortir de ses études à la Villa Arson à Nice, avant de se tourner assez vite vers une peinture figurative et expressionniste -inspirée par le surréalisme souligne Emmanuelle Renard. Ses toiles, souvent martyrisées après avoir séjourné au sol et « recueilli toute la vie de l’atelier », sont composées, toujours au sol, avec des couleurs franches, tranchées, mélange d’huile, d’acrylique et d’encre, souvent rehaussées de traits noirs tracés avec poigne et vivacité. Les dessins sur papier sont réalisés à l’encre avec des calames, comme pour la calligraphie. L’artiste travaille toujours sur plusieurs toiles à la fois, certaines mettront des années à « mûrir » avant de sortir de l’atelier, certaines n’en sortiront jamais.

Une œuvre qui bouscule notre regard et nous balade joyeusement dans une mosaïque de passions humaines et d’épopées faites de réalisme piquant comme de petits bonheurs. Car s’il y a souvent des oursins dans la peinture d’Emmanuelle Renard, il y a toujours des bouquets de fleurs et les natures ne sont pas « mortes », mais « vivantes » dit-elle.

Texte : Catherine Rigollet (février-mars 2017)
Portraits : photos Lionel Pagès

Visuels : De 1 à 5, 15 et 16 : photos dans l’atelier d’E. Renard : Lionel Pagès ©L’Agora des Arts.
Photos des œuvres : Emmanuelle Renard, sauf photos 7 et 8 : Lionel Pagès.
Photo 6 : série À Sauts et à gambades, 2015.
Photo 7 : Lisbonne, diptyque, 2016. Huile sur toile.
Photo 8 : L’Iguane de Kottakuppam, Inde 2016. Encre de chine et technique mixte sur papier.
Photo 9 : Série La Cuisine des nécessités. 2009-2011.
Photo 10 : Restes festifs II, 2010. Huile sur toile, 175 x 140 cm.
Photo 11 : Nature vivante, 2016. Huile sur toile. 100 x 100 cm.
Photo 12 et 13 : Série À Sauts et à gambades, 2014-15. Encre de chine et technique mixte sur papier, 65 x 50 cm.
Photo 14 : Sitges II, (série Héroïque fantaisie), technique mixte sur toile. 160 x 120 cm, 2014.