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Eugène Leroy. De la lumière vraie dans de la couleur peinte

Comment et pourquoi Eugène Leroy, féru de Rembrandt, Cézanne, Van Gogh, Titien, Van der Goes ou Giorgione, en est venu à sa position singulière vis-à-vis de la lumière, qu’entendait-il par « faire de la peinture » ? Tel est l’objet de cette exposition en partenariat avec le MUba Eugène Leroy à Tourcoing, riche de la donation consentie par les deux fils de l’artiste, Eugène Jean et Jean-Jacques Leroy, en 2009.

« Il y a chez Leroy cette monumentalité alliée à l’exubérance baroque, cette émotion toute nourrie d’humanisme, cette sensibilité purement picturale de la lumière qui en font tout simplement un peintre en soi », écrit Jacques Bornibus, dans le catalogue de l’exposition « Eugène Leroy – Jacques Bornibus, une complicité créatrice, années cinquante », présentée au musée des beaux-arts de Tourcoing, en 2004.
Bornibus, qui fut de 1951 à 1960 directeur, puis Conservateur en chef du Musée de Tourcoing, ville natale d’Eugène Leroy (1910-2000), entretient des relations privilégiées avec les artistes qu’il expose. Tout particulièrement avec Leroy qu’il expose pour la première fois en 1956, fasciné par l’œuvre de cet artiste qui « ne cherche pas à tout prix à faire des tableaux, mais à fixer de la lumière vraie dans de la couleur peinte (vraiment peinte, pétrie de main d’homme sur la toile)… ». Qui, dans un processus long et complexe, enfouit le motif jusqu’à sa disparition, gorgeant généreusement la toile d’une matière picturale de plus en plus riche, épaisse. Faisant abstraction de tout ce qui n’est pas lumière et couleur.

Devenu entre 1965 et 1983 le responsable du Musée Joseph Déchelette à Roanne, c’est tout naturellement que Jacques Bornibus fait entrer dans les collections du musée une peinture (voir photo), un dessin rehaussé à la gouache et deux estampes (des œuvres sur papier moins connues que les tableaux) de cet artiste qui a acquis une renommée internationale.
C’est donc tout aussi naturellement que son actuelle directrice, Nathalie Pierron, a souhaité, autour de ces œuvres conservées à Roanne, réunir une sélection de dessins, d’aquarelles, d’estampes, de sculptures et une trentaine de peintures (têtes, nus et paysages) pour rendre hommage à cet artiste exigeant, authentique, indifférent aux modes et aux chapelles. Défendu par la galerie Claude Bernard à Paris depuis 1961, par celle de son fils Eugène Jean et par la Galerie de France, puis à partir de 1983 par le galeriste allemand Michael Werner, Leroy est présenté à la Biennale de Sao Paulo en 1991, à la Documenta de Kassel en 1992, à la Biennale de Venise en 1995. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections en France, comme à l’international.

Une peinture qui peut sembler mystérieuse, difficile d’accès, demandant à être regardée, apprivoisée, avant de révéler à celui qui sait prendre le temps de voir : sa profondeur, sa lumière, sa force et sa sensualité toujours vivante.

Catherine Rigollet

Visuel : Eugène Leroy, Paysage (vers 1966), huile sur toile, 130 x 162 cm. Acquis auprès de l’artiste en 1966. Collection du musée des beaux-arts et d’archéologie Joseph Déchelette. © Adagp, Paris, 2018

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 octobre 2018 au 14 janvier 2019
Musée Joseph Déchelette
22, rue Anatole France – 42300 Roanne
Tous les jours, sauf mardi, 10h-12h et 14h-18h
Samedi et dimanche, 14h-18h
Tarif plein : 4,70 €
Tél. 04 77 23 68 77
www.museederoanne.fr
et pour en savoir plus : www.eugeneleroy.com

 


 Une projection du film « Eugène Leroy : La voie royale de la peinture » d’Alain Fleischer, est organisée en partenariat avec le cinéma d’art et d’essai de Roanne « Le Renoir », le 5 novembre à 18h.