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François 1er et l’art des Pays-Bas

Si Jean Clouet est connu, on a oublié Gauthier de Campes, le Maître d’Amiens, Noël Bellemare, Joos van Cleve, Corneille de la Haye, Grégoire Guérard ou encore le Maître de Dinteville. Pourtant, ces artistes venus des Pays-Bas furent très appréciés de François 1er qui acheta abondamment leurs œuvres, avant de se tourner vers l’art italien avec Léonard de Vinci en chef de file. Et l’on comprend pourquoi, cinq siècles après son avènement, François 1er demeure l’un des plus populaires de nos rois notamment parce qu’il favorisa la Renaissance française des arts et des lettres, contribuant à l’émergence de nouveaux artistes originaires du Nord, qui eux-mêmes participèrent au développement des artistes dans les foyers normands, picards, champenois et bourguignons.

C’est cette influence septentrionale (qui véhiculait déjà une certaine forme d’italianisme) autour de François 1er qui est le fil rouge d’une grande et passionnante exposition au musée du Louvre, réunissant nombre de chefs-d’œuvre en peinture, enluminure, vitrail, sculpture et tapisserie.

Parmi les œuvres phares d’un parcours à la fois chronologique et par artiste ou foyer artistique, de fabuleux retables sculptés, polychromés et dorés, ou encore un de ces « Puys », tableaux appelés ainsi car ils étaient offerts chaque année à la cathédrale d’Amiens par un membre de la confrérie du Puy Notre-Dame, tel celui du Maître d’Amiens : Au juste pois véritable balance (1518-1519), un chef-d’œuvre de finesse expressive.
Le portrait est-il une spécialité du Nord ? On ne manquera pas ceux de Jean Clouet et de Corneille de La Haye, dit Corneille de Lyon, des spécialistes en la matière. De Jean Clouet, le plus connu des peintres flamands actifs en France sous François 1er et qu’on suppose à tord être français, on en verra rassemblé un grand nombre (dont une dizaine de panneaux attestés de sa main) comme ce petit portrait équestre de François 1er, une gouache sur vélin rehaussée d’or et d’argent, enluminure d’une extrême finesse jusque dans les ornements du harnachement. Dans une belle salle en rotonde plongée dans une semi-obscurité pour mieux révéler les visages peints sur un fond uni et lumineux, une vingtaine de portraits de petit format « attribués à » Corneille de Lyon témoigne d’un type nouveau de portraits, naturels et sans protocole, tel celui de Pierre Aymeric (1534), un marchand de Saint-Flour ; la seule œuvre dont on est certain qu’elle soit de la main de Corneille, un artiste originaire de La Haye, venu s’installer à Lyon.

À partir des années 1535-1540, l’essor du chantier décoratif du château de Fontainebleau ordonné par François 1er fait passer à l’arrière plan le courant issu du Nord (où circule encore des paysages à la manière de Patinir), au profit de la forme spécifiquement française du maniérisme, appelée « école de Fontainebleau ». Portraits et paysages dans la tradition mi-anversoise mi-hollandaise se poursuivront encore en Picardie, mêlés d’influences italiennes.

Le plus petit trésor de l’exposition François 1er et l’art des Pays-Bas est un « Livre d’Heures à l’usage de Paris » (1532-1538) de moins de dix centimètres de haut. Acheté par François 1er en 1538 afin d’en faire cadeau à sa nièce Jeanne d’Albret, ce manuscrit enluminé de 150 folios non numérotés avec 16 enluminures en pleine page, est habillé d’une somptueuse reliure en or émaillé, rubis, turquoise et cornaline. Il est présenté avec un extraordinaire marque-page figurant un Christ à la colonne, un camée en agate, monture en or émaillée garnie de rubis, turquoises et diamants, et d’une perle suspendue. Un bijou exceptionnel, au croisement de l’orfèvrerie, de l’enluminure et de la joaillerie et qui est passé de mains en mains depuis le 16e siècle… À la recherche du million manquant pour son acquisition auprès d’un collectionneur anglais, le musée du Louvre fait appel au mécénat du public. A votre bon cœur !

Catherine Rigollet

 Album de l’exposition publié par Somogy, sous la direction de Cécile Scailliérez, conservatrice en chef, département des Peintures du musée du Louvre. 50 pages, 8€

Visuels : Jean Clouet, Portrait équestre de François 1er. Gouache sur vélin, rehauts d’or et d’argent, contrecollé sur chêne. H. 284 x L. 231 mm. Paris, musée du Louvre, département des arts graphiques.
Corneille de Lyon, Portrait de Pierre Aymeric © RMN Grand Palais (musée du Louvre) – Stéphane Maréchalle.
Vue du Livre d’Heures dans l’exposition. © L’Agora des Arts
Livre d’Heures à l’usage de Paris, France, 1532-1538. Collection particulière.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 18 octobre 2017 au 15 janvier 2018
Musée du Louvre
Hall Napoléon
De 9h à 18h, sauf le mardi
Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22h
Tarif unique d’entrée au musée : 15€
Tél. 01 40 20 52 63
www.louvre.fr
http://www.tousmecenes.fr/fr/devenir-mecene/particuliers/