Peintre au parcours singulier, François Dilasser (1926-2012) a toujours vécu et travaillé à Lesneven en Bretagne, répétant qu’il ne sait pas ce qu’il cherche et que parfois il trouve, avec pour seul critère : que ça vive. Dessinateur au trait faussement naïf, son œuvre est à la fois simple et complexe. Ni tout à fait abstrait, ni pleinement figuratif, il se partage entre dessin et peinture. Autodidacte, il apprend en copiant des reproductions de peinture de Fouquet, Rubens, Titien. D’autres chocs en peinture vont venir avec Gauguin, Matisse, Picasso, Cézanne, Klee mais aussi Bissière pour la poésie et l’harmonie de sa peinture organisée autour de deux ou trois couleurs. Des filiations auxquelles il rend souvent hommage dans des séries comme Les Baigneuses en hommage à Cézanne ou Les Régentes avec leurs têtes de guenons macabres, une truculente série inspirée des Régentes de l’hospice de vieillards de Haarlem (1664) de Frans Hals. On sent bien que Dilasser ne cherche pas à restituer l’œuvre, mais plutôt l’émotion ressentie, ce qui l’a enrichi. Il pratique de même pour les séries nées de son observation attentive du monde qui l’entoure, du « bruit de nos vies » (Nuages, Planètes, Arbres, Mains, Têtes, Veilleurs…). Il fait vivre des formes, les agence, les réinvente, ajoute des signes et joue avec la dualité des couleurs et des contrastes avec beaucoup d’expressivité et une intense poésie. « Un art de transmutations », écrit Olivier Delavallade, commissaire de l’exposition. Une peinture éternellement vivante.
Catherine Rigollet
Visuel : Les Régentes, 1995. Acrylique sur toile, 135 x 197 cm
