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Etienne Delaune. Graver la Renaissance

Quel plus bel écrin que le château d’Écouen pour exposer les gravures et objets d’art d’Étienne Delaune, orfèvre et graveur français (1518/19-1583) ? Reconnu de son vivant comme un graveur hors pair, collectionné par les amateurs de toute l’Europe, il est resté jusqu’au XIXe siècle une source intarissable d’inspiration. Delaune a réalisé plus de 400 estampes, exceptionnelles par leur remarquable finesse d’exécution, et la précision des détails, et ce d’autant plus que ce sont des miniatures, un format peu courant en France. Ainsi cet Atelier d’orfèvre (1576) d’un grand réalisme dans l’outillage et les gestes des orfèvres, démontrant la parfaite connaissance de ce métier par Delaune ; même si la postérité a effacé l’orfèvre au profit du graveur.

Orfèvre (calviniste dans la France des guerres de religion), Delaune le restera, mais ce sont surtout ses gravures réalisées en taille-douce et aux motifs variés (grotesques, figures allégoriques, scènes mythologiques, scènes de chasse, portraits, paysages…) qui lui ont assuré le succès et servi de sources décoratives aux artisans d’art pour leurs assiettes, plats, horloges, revers de miroirs, armes, montres, écritoires, médailles, émaux peints etc. Étienne Delaune, qui signait ses œuvres de son prénom latinisé STEPHANUS ou d’un simple S., suivi du verbe latin fecit ou de l’abréviation F., s’inspirait aussi des maîtres, comme cette Léda (vers 1570), d’après Michel-Ange. Ou sa célèbre Grande suite des Mois (vers 1555) d’après Baptiste Pellerin, un excellent peintre à la gloire éphémère (mort en 1575) et dont une grande partie de l’œuvre dessiné fut attribuée à Étienne Delaune, à qui il avait régulièrement fourni des modèles.

La très belle scénographie met particulièrement bien en valeur les gravures de Delaune et les objets d’art réalisés à partir de ses motifs ; la grande qualité de ses estampes ayant même permis des agrandissements servant de décor dans les salles d’expositions, offrant au visiteur le loisir de pénétrer au cœur de ses œuvres.

Coproduite avec la RMN-Grand Palais et réalisée avec le soutien de la Bibliothèque nationale de France, l’exposition réunit plus de 130 objets, gravures et dessins pour certains jamais exposés en France et bénéficie de prêts prestigieux venant du musée du Louvre, du Victoria and Albert Museum de Londres ou encore des Musées du Vatican. Des petits bijoux à venir découvrir au château renaissance d’Écouen. Construit entre 1538 et 1550 pour Anne de Montmorency, connétable de France, le château, devenu Musée national de la Renaissance, possède l’un des plus prestigieux ensembles d’arts décoratifs de la période. Il a conservé une grande partie de son décor d’origine, dont ses exceptionnelles cheminées peintes et ses frises ornées de rinceaux et grotesques. Son parc, restitué d’après le dessin de Jules Hardouin-Mansart à la fin du XVIIe siècle, est un agréable lieu de promenade à 40 kilomètres de Paris.

Catherine Rigollet

L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié par la RMN-Grand Palais (32 €) et d’une programmation culturelle.

Visuels : L’atelier d’orfèvre, Étienne Delaune. 1576, Augsbourg. Burin. Paris, Petit Palais. Et détail.
Revers de miroir : la mort de Britomartis, Jean Limosin. Limoges, début XVIIe siècle. Émail polychrome. Paris, musée des arts décoratifs (les émailleurs de Limoges ont beaucoup utilisé les modèles de Delaune).
Vue de l’exposition (D.R)

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 16 octobre 2019 au 3 février 2020
Musée national de la Renaissance/Château d’Écouen (95)
Ouvert tous les jours, sauf le mardi
De 9h30 à 12h45 et de 14h à 17h15
Tarif plein : 7 €
Tél. 01 34 38 38 50
www.musee-renaissance.fr