Héguy, Vincent - Plasticien

Vincent Héguy au silo

Vincent Héguy au silo

Portrait au masque

Portrait au masque

Tête rouge

Tête rouge

Vincent Héguy dans son atelier

Vincent Héguy dans son atelier

Mer du Japon

Mer du Japon

verger

verger

arbres rouges

arbres rouges

Grand nu rose

Grand nu rose

cerisier en fleurs sur fond or

cerisier en fleurs sur fond or

cerisier en fleurs

cerisier en fleurs

Cerisier - serie abstraite

Cerisier - serie abstraite

Courges

Courges

Modeste hommage à Joan Mitchell

Modeste hommage à Joan Mitchell

Le retour des coquelicots

Le retour des coquelicots

Bananes

Bananes

dans l’atelier de V. Héguy

dans l'atelier de V. Héguy

La couleur pour maîtresse

Dans un ancien silo à ciment aux murs de béton couverts d’étagères, une centaine de pots de peinture et de pinceaux aux manches uniformément rose pâle s’alignent sagement sous une lumière zénithale. Dans l’atelier de Vincent Héguy, on est bien loin du chaos de celui d’un Francis Bacon au sol jonché de pinceaux encrassés, de tubes écrasés et de projections de peinture. Ici, la sérénité règne et la couleur illumine tout. À l’huile ou à la laque glycéro sur papier ou toile, en aplats ou en drippings façon Pollock ou Joan Mitchell sur lesquels viennent souvent fusionner des bandes de papier ou de tissu, elle envahit les grandes toiles à l’expressionnisme longtemps abstrait, depuis peu plus figuratif, inspiré par la nature environnante.

Le jaune, omniprésent, couleur fétiche du peintre qui s’en habille et collectionne toutes sortes d’objets pour peu qu’ils soient solaires. Le rose, comme celui du grand nu évoquant Matisse, s’impose aussi sur les immenses diptyques de fleurs de cerisier aux touches vibrantes d’intensité dans le bleu vif d’un ciel sans nuages. Une série au glacis sensuel, réalisée durant le confinement du printemps 2020, quand dans le même temps Damien Hirst peignait la même et que David Hockney, confiné lui aussi en Normandie, couvrait de vert tendre ses paysages de vergers. Pour Vincent Héguy, c’est aux merveilleuses branches d’amandiers en fleurs de Vincent van Gogh, son premier émerveillement en peinture à l’adolescence, qu’il songeait alors. C’est aussi van Gogh qui lui a fait découvrir l’art japonais. Un japonisme qui infuse son œuvre depuis les années 1990, dans les aplats de couleurs, l’amour pour la nature et les paysages, un raffinement des formes épurées et l’utilisation de l’or, en feuille ou en poudre dorée projetée sur la peinture, comme chez Klimt. La couleur, éclatante comme celle du pop art de Wharol, recouvre aussi les têtes sans visage en bois, résine ou papier mâché et les masques primitifs martelés dans de vieilles casseroles en cuivre et que n’aurait pas reniés André Breton.

Si Vincent Héguy s’affirme comme un autodidacte en peinture et sculpture, ayant opté pour l’architecture par raison familiale alors qu’il rêvait d’entrer aux beaux-arts et de devenir peintre dès son bac en poche, il n’a jamais cessé de peindre et de remplir des carnets de croquis, devenus des réservoirs de motifs et d’idées dans lesquels il puise pour alimenter sa créativité. En toute liberté. Flirtant sans s’affilier avec les mouvements de l’histoire de l’art et les artistes qu’il admire. « Je ne prémédite rien, je cherche le positif et les couleurs, poussé par l’envie de « faire », un besoin d’optimisme et de poésie pour prendre le contre-pied de l’actualité si sombre, garder le moral, donner de la joie et du plaisir à ceux qui vont regarder mes œuvres. Je ne veux pas être sérieux et pesant. Pour moi, tout est prétexte à la création, le quotidien regorge de sources d’inspiration. Il suffit de porter un regard enthousiaste sur ce qui nous entoure. »

Mais au fait, qu’est-ce qui pousse un artiste créant depuis cinquante ans, ayant produit quelque 2000 toiles et collages à sortir de « sa glaciation » et exposer pour la première fois en galerie à 66 ans ? « Mon déclic, ce fut d’emménager dans le silo et de pouvoir m’y exprimer pleinement depuis 2018 ». Dans le Vexin français, sur les bords de Seine, à proximité de Vétheuil où Claude Monet vécu trois années avant de s’installer à Giverny, Vincent Héguy poursuit lui aussi sa quête de peinture, une peinture juste, vraie.

Catherine Rigollet (mars 2022)
Photos des œuvres et portraits : © Nicolas Vercellino
Photos de l’atelier : © C.R