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L’Inde, au miroir des photographes au musée Guimet

En 1839, la naissance de la photographie est annoncée à Paris. Immédiatement, la presse britannique s’en fait l’écho dans les grandes villes indiennes. Les photographes partent à la découverte d’un pays pour beaucoup encore mystérieux et inconnu, tout particulièrement fascinés par les villes « icônes » telles que Delhi, Fatehpur Sikri, Agra ou l’ancienne Bénarès (aujourd’hui Varanasi) et les sites archéologiques ou monuments célèbres (Elephanta, Qubt Minar, Taj Mahal). Contribuant ainsi à façonner l’image du pays à l’étranger. C’est le cas de Linnaeus Tripe, de William Baker ou du britannique Samuel Bourne. Employé de banque passionné de photographie, ce dernier s’installe en Inde de 1863 à 1870, s’associe avec l’imprimeur Charles Shepherd, crée le premier studio de photographie et à la faveur de trois importantes expéditions au Cachemire, réalise des vues de paysages et de monuments d’une beauté remarquable comme ce palais Jag Mandir construit sur une île du lac Pichola au sud de la ville d’Udaipur dans l’état indien du Rajasthan. En quatre-vingt-dix tirages originaux, de paysages, d’architectures, de scènes de la vie quotidienne ou encore de personnages (essentiellement du nord de ce pays-continent), cette exposition exceptionnelle en raison de la présentation pour la première fois de la riche collection de photographies anciennes sur l’Inde que possède le MNAAG, témoigne aussi de l’histoire de ce musée qui fête ses 130 ans. À son origine, un industriel lyonnais, à qui l’on doit aussi le musée d’histoire naturelle de Lyon.

Guimet : 130 ans et pas une ride

Directeur d’une entreprise florissante (future Péchiney) fondée sur la découverte chimique d’un pigment bleu outremer artificiel (le bleu Guimet), humaniste d’une grande érudition et d’une insatiable curiosité, Émile Guimet (1836-1918) est surtout un grand collectionneur, un acheteur compulsif d’antiquités lors de ses nombreux voyages en Égypte et en Extrême-Orient. « Elles ne se rassemblent pas seulement au hasard de la rencontre, comme une collection de curiosités. Il faut les connaître d’avance, les deviner parfois, savoir où les trouver, les vouloir, les conquérir ! Par le désir d’être utile, par l’attrait des idées philosophiques, par l’élan d’enthousiasme que produit la beauté, j’arrivais à comprendre que mes collections me dévoilaient l’idéal du philosophe grec : le bien, le vrai, le beau et je m’y attachais plus que jamais », écrit-il avec emphase en 1876 au peintre et dessinateur Félix Régamey, avec lequel il a voyagé en Chine et au Japon. En 2015, le musée des Confluences à Lyon exposait ses trésors, tout en racontant la passionnante saga de ce collectionneur-globe trotteur.

Catherine Rigollet

Visuel : Sans titre, Udaipur. Le palais de Jag Mandir sur le lac Pichola. Studio Bourne & Shepherd. Épreuve sur papier albuminé, 1873. MNAAG, Paris. RMN-Grand Palais / image musée Guimet.
Sans titre, Tukoji Rao II Holkar (1835-1886), maharajah d’Indore. Bourne & Shepherd (attribué à). Épreuve sur papier albuminé, 1877. MNAAG, Paris. RMN-Grand Palais / image musée Guimet.
Félix Régamey, Emile Guimet (à gauche), peint par son ami, avec le grand prêtre du temple de Nikko (à droite) et son interprète, Kondo. Exposition Les trésors d’Émile Guimet au musée des Confluences à Lyon (20/12/2014 au 26/07/2015). Photo L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 6 novembre 2019 au 17 février 2020
PROLONGATION JUSQU’AU 23 MARS
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna 75116 Paris
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
Tarif plein : 11,50€ (collections et expositions temporaires)
www.guimet.fr