Loading. L’art urbain à l’ère numérique

Présents depuis longtemps, mais souvent méprisés et effacés par les pouvoirs publics, les tags (simples signatures) et graffitis (nouvelle forme de calligraphie) suscitent de l’intérêt depuis l’an 2000. La diversité des messages dans l’espace public existe pourtant depuis l’essor des grandes villes, dès le XVIIIe siècle. Et pour certains, les artistes urbains d’aujourd’hui sont les héritiers d’un besoin inné des êtres humains à décorer ou à faire passer des messages sur les murs… ou les parois des grottes.

Dans cette exposition 100% numérique, vous ne verrez aucuns graffiti peints sur les murs en béton brut du vaste espace du Grand Palais immersif, mais des œuvres, souvent monumentales projetées à 360°. Une immersion assez spectaculaire qui se prête aux lieux et accompagne une narration de l’histoire de l’art urbain (des rues au métro et aux trains jusqu’aux espaces urbains et même dans les montagnes) et qui souligne tout particulièrement l’impact des technologies numériques sur le travail des street artistes. Un univers longtemps dominé par les hommes et que les femmes s’approprient de plus en plus, d’un bout à l’autre de la planète.

Le vaste panorama mondial qui défile sous nos yeux nous emmène des subways new-yorkais aux peintures réalisées ou filmées à l’aide de drones, en s’amusant des records, comme celui d’Invader posant sa 4000e œuvres en mosaïque inspirée des jeux vidéo à 4 000 mètres d’altitude, à Potosi, en Bolivie. On y retrouve tous les styles et des artistes du monde entier : des pionniers comme l’américain Keith Haring et ses caractères stylisés universels, au français Saype et ses fresques géantes peintes en plein air et biodégradables, en passant par le collectif berlinois 1UP et ses graffitis vandales sur les trains, les toits ou ce pétrolier échoué, dénonçant ainsi la pollution à venir, la française Lady K et son graffiti writting, la graffeuse française à la moustache Kashink et ses drôles de personnages aux couleurs vives et aux deux paires d’yeux (voir affiche)… ou encore le duo d’artistes français Ella & Pitr, spécialistes des dessins à l’horizontal sur des milliers de mètres carrés (comme leur gigantesque Homme oiseau tagué sur les hauteurs de Santiago), sans oublier l’incontournable américain Shepard Fairey, également connu sous le pseudo Obey, célèbre depuis son affiche de soutien à Obama…Une infime sélection face à une nuée d’artistes internationaux et à la production difficile à estimer d’un art par essence éphémère. Créée en 2014, la plateforme Google Street Art Project tente de répertorier en continue sur internet l’étendue et la vitalité de cet art…qui parfois ne laisse pas d’autres traces que les photographies ou les films qui les ont immortalisés. (https://artsandculture.google.com/project/street-art).

Loin de rester passif dans cette plongée dans le monde de l’art urbain, le visiteur est aussi invité à manipuler un joystick pour naviguer dans les rues du monde entier à la recherche d’œuvres peintes, à créer son propre blaze, à réaliser un graffiti et à le coloriser avec une bombe numérique, ou à participer à une fresque éphémère…Une exposition passionnante qui devrait séduire un large public.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Infos pratiques

Du 6 décembre 2023 au 21 juillet 2024
Grand Palais Immersif
110, rue de Lyon – 75012
Lundi : 12h-20h
Du mercredi au dimanche : 10h-20h
Nocturne le vendredi jusqu’à 22h
Fermé le mardi
Tarifs : 16€/12€/6€ (gratuit moins de 6 ans)
www.grandpalaisimmersif.fr


Visuels :

 Ella & Pitr, L’homme oiseau. Santiago du Chili, 2013 © Ella&Pitr, Cerrillos, Santiago du Chili 2013 © Adagp, Paris, 2023.

 Saype, Mont Fuji, Japon, 2023 © SAYPE.

 1UP, Mediterranean Sky - The Ship Athènes 2018 © 1UPCrew.

 Edward Nightingale, Ixap Berlin, 2022 © Edward Nightingale.

 Mick La Rock (Mickey), New-York, 2001 © Adagp, Paris, 2023.

 Kashink, 50 cakes of gay, 2013 (affiche, détail), Miami © Martha Cooper © Adagp, Paris, 2023.