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Le Cercle de l’art moderne. Une épopée artistique havraise

Qui connait le Cercle de l’art moderne du Havre ? Peu connu du grand public, ce groupe réunissant amateurs, collectionneurs et artistes a pourtant permis de constituer une collection exceptionnelle de chefs d’œuvre de l’impressionnisme et du fauvisme, faisant du Havre au début du XXe siècle un haut lieu de l’art moderne.
Dès le milieu du XIXe siècle Le Havre voit son port se développer rapidement et conférer à cette ville industrielle un rôle de toute première importance pour l’importation de produits exotiques. La création du musée en 1845 sur les quais de l’avant-port, la tenue régulière d’expositions organisées par la société des amis des arts avec des artistes de renom -comme Manet en 1868- va donner un supplément d’âme à la cité portuaire. Tandis qu’Eugène Boudin vient peindre au Havre, suivi de Claude Monet, une nouvelle génération d’amateurs d’art et de collectionneurs apparaît parmi les riches négociants, dont Olivier Senn et Marande sont les plus connus. Ils sont ouverts à la jeune création, fréquentent à Paris les expositions du Salon d’Automne et des Indépendants, les galeries, les ateliers d’artiste. Le 29 janvier 1906, ils s’associent à des artistes comme Georges Braque, Raoul Dufy, Emile Othon Friesz et créent ensemble le Cercle de l’Art moderne qui se fixe comme objectif de promouvoir l’art moderne au Havre. De 1906 à 1910, le Cercle organise des expositions, des conférences, mais aussi des soirées poésie et des concerts. Frantz Jourdain, Guillaume Apollinaire, Claude Debussy apportent leur parrainage à l’association, qui affiche d’emblée sa filiation avec le jeune Salon d’Automne. À l’instigation du Cercle, les œuvres des plus grands artistes du moment sont présentées au Havre, notamment lors des quatre expositions annuelles. On y voit les impressionnistes de la première heure tels Monet et Renoir, les néo-impressionnistes, mais surtout les jeunes fauves, entraînés par leurs amis Braque, Dufy, Friesz, qui trouvent tous dans cette ville assez proche de Paris, un accueil favorable et un débouché possible à leur production récente, celle-là même qui, réunit dans la salle VII du salon d’automne de 1905 à Paris, fit scandale à cause de sa violence chromatique, mais immortalisa de facto ses créateurs.
Le Havre, créée par ordre royal de François 1er en 1517 comme nouveau port de Paris, est devenue ville d’art. Un statut que cette cité détruite et reconstruite par Auguste Perret au lendemain de la Seconde Guerre mondiale conserve aujourd’hui par son architecture inscrite au Patrimoine de l’humanité et par la richesse des collections impressionnistes du musée Malraux (MuMa), notamment grâce aux fonds Boudin, Marande et Senn-Foulds.
C’est cette prodigieuse aventure artistique du Cercle de l’Art moderne qui est relatée au fil d’un parcours réunissant quatre-vingts œuvres signées Boudin, Corot, Courbet, Cross, Dufy, Guillaumin, Marquet, Monet, Pissarro, Renoir, Vallotton, etc… dont une quarantaine en provenance du MuMa.

Catherine Rigollet

Visuel : La Femme blonde, Albert Marquet. Paris, Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN / Philippe Migeat / Adagp, Paris 2012, ancienne collection Olivier Senn.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Collectionneurs d’avant-garde au Havre
Du 19 septembre 2012 au 6 janvier 2013
Musée du Luxembourg
Tous les jours de 10h à 19h30, nocturne le vendredi et le lundi jusqu’à 22h
Tarif plein : 11€
www.museeduluxembourg.fr