Vous glisserez-vous dans la peau d’Andarchius, de Bathilde, de Geneviève ou de Médard ? La nouvelle exposition du Musée d’archéologie nationale (MAN) nous invite à apprendre en jouant, à plonger dans les temps mérovingiens (Ve-VIIIe siècles) en suivant le destin, via un livret-jeu papier ou une application à télécharger (app-clovis.fr) d’un personnage de l’époque mérovingienne : Andarchius (l’énergique) issu de la paysannerie gallo-romaine, Bathilde (l’habile) descendante d’esclaves anglo-saxons, Geneviève (la courageuse) de la petite communauté syrienne (comprendre byzantine) de Paris ou Médard (l’intelligent) né d’une noble famille franque. Entre escape game, jeu de rôles et livre « dont vous êtes le héros », cette exposition a pour objectif, selon Fanny Hamonic, une des commissaires scientifiques, « de transmettre des notions d’histoire et d’archéologie à travers le jeu et de rendre compte, de manière sensible, de certaines réalités de la société franque en abordant ainsi l’actualité archéologique, dans un esprit accessible à tous. »
À toutes les étapes de la vie des quatre personnages, de « Venir au monde » à « Se préparer à l’au-delà » en passant par le travail, le mariage, la procréation ou la guerre, le visiteur, s’il est joueur, a des choix à faire pour construire son avenir en passant par les salles où sont exposés de nombreux objets de la vie quotidienne (parures, broderies, bijoux, armes, mobilier funéraire…) et abordées les notions d’éducation, de justice, de religion et de combat inhérentes à l’époque mérovingienne. Une époque d’ascensions sociales étonnantes ! Ce parcours ludique vise ainsi à provoquer la lecture attentive des cartels et l’observation fine des objets exposés afin que le visiteur fasse les meilleurs choix possibles dans la poursuite de sa vie virtuelle.
On aura compris que cette exposition, largement inspirée de celle du Musée royal de Mariemont en Belgique en 2021 (« Le Monde de Clovis. Itinéraires mérovingiens »), s’adresse en priorité aux jeunes, même si les adultes y trouveront leur content de science historique et la satisfaction des yeux avec les bijoux de la reine Arégonde (516-574 ou 580, troisième des sept épouses du roi Clotaire Ier) ou la réplique du sarcophage de sainte Chrodoara d’Amay. Et, à la fin, chaque personnage peut être convoqué à une audience royale face à Clovis qui distille une dernière énigme…
Une belle réussite qui mêle jeu et histoire au cœur du château royal de Saint-Germain et de son domaine de 40 hectares propice à la promenade et à la rêverie.
Jean-Michel Masqué
Visuels : Médard, l’intelligent. L’un des quatre personnages à suivre dans l’exposition.
Bijoux de la reine Arégonde, Grand Palais (musée d’Archéologie nationale). Photo Jean-Gilles Berizzi.
Fibule de la dame de Quaregnon, Namur, Service public de Wallonie - Agence Wallonne du Patrimoine.