Le musée de la BnF. Un patrimoine encyclopédique unique

Inauguré en septembre 2022, le musée de la BnF dévoile dans les espaces historiques rénovés du site Richelieu près de 900 trésors issus des collections de la Bibliothèque, du livre au manuscrit, en passant par les objets, les cartes et plans, les partitions, les estampes et la photographie. Pour sa deuxième année d’ouverture, il propose une présentation autour de la thématique des révolutions.

Outre des salles de lecture spécialisées (art du spectacle, cartes et plans, estampes, photographie, manuscrits, monnaies et médailles, musique) réservées aux chercheurs ainsi qu’aux lecteurs accrédités de l’Institut national d’histoire de l’art et de l’École nationale des chartes, elle ouvre à tous, gratuitement, la consultation de quelque 20 000 ouvrages (de la bande dessinée à l’art numérique en passant par l’histoire des arts et du patrimoine) accessibles dans la Salle Ovale. Et surtout, elle accueille désormais un véritable musée présentant aux visiteurs une sélection de quelque 900 pièces puisées dans toutes les collections encyclopédiques de la BnF. Une sélection régulièrement renouvelée.

UN PATRIMOINE ENCYCLOPÉDIQUE UNIQUE

Quarante millions de livres, manuscrits, monnaies, médailles, estampes, photographies, cartes, partitions musicales, costumes, objets archéologiques, enregistrements sonores… Embrassant toute l’étendue des collections de la BnF, de l’Antiquité à nos jours, le trésor de la BnF est immense, varié et d’une richesse exceptionnelle. Il contient des pièces rares ou de grande beauté. Parmi ces trésors à découvrir dans le nouveau musée : le trône de Dagobert, un trône en X pliant, d’inspiration antique, en métal (et bandes de cuir aujourd’hui disparues) qui pouvait se transporter et dont la facture est attribuée à saint Éloi. L’échiquier dit « de Charlemagne », en ivoire d’éléphant d’Afrique. Des manuscrits enluminés ou représentatifs de moments fondateurs de la pensée et de la littérature comme les Pensées de Pascal, Notre-Dame de Paris et Les Misérables de Victor Hugo, les 3 700 pages de l’Histoire de ma vie de Casanova (1789-1797) ou encore À la recherche du temps perdu de Proust. Le premier Évangéliaire de la Sainte-Chapelle (13e siècle), en argent doré. Le trésor de Berthouville ; un service de table en argent provenant d’un temple gallo-romain et découvert dans un champ de Normandie par un cultivateur en 1830. Un lot de près de 300 statères d’Egine, des pièces appelées « tortues » par les Grecs (vers 450 av. J.-C.) pour leur décor. Le Grand Camée de France aux dimensions exceptionnelles, gravé de 24 figures (Rome, vers 23 apr. J.-C.). Un des célèbres globes célestes créés par Vincenzo Coronelli (1693) représentant la sphère céleste constellée d’étoiles et de planètes ; chaque constellation étant évoquée par un personnage mythologique. L’Atlas Miller (du nom de son dernier possesseur privé), une cartographie du monde connu en 1519 (avant Magellan). L’épée de Boabdil (du nom du dernier souverain de la dynastie musulmane des Nasrides, à Grenade au XVe siècle). Des bijoux tel ce pendentif de Catherine de Médicis (1571), orné de mains serrées, symbole d’amitié et de fidélité, commandé par la reine pour offrir à son fils Charles IX pour Noël 1571.
Un enregistrement sonore du capitaine Alfred Dreyfus lisant un fragment de ses Mémoires. Mais encore des estampes de Picasso, Delaunay, Odilon Redon, des photographies de Nadar à Capa, des costumes de théâtre, etc.
Héritier du Musée des monnaies, médailles et antiques, le nouveau musée de la BnF a pour écrin les plus beaux espaces du site : la salle des Colonnes, le Cabinet précieux, la salle de Luynes, la salle Barthélémy et ses décors d’acajou, la Rotonde des Arts du spectacle ouverte au public depuis décembre 2016 et la galerie Mazarine, classée monument historique, l’un des joyaux du site Richelieu. Un des très rares exemples de galerie baroque encore conservés en France avec son plafond peint par Giovanni Francesco Romanelli et son atelier, et ses embrasures de fenêtres peints à fresque de grands arbres par Grimaldi Bolognese.

UN NOUVEL ESPACE D’EXPOSITIONS TEMPORAIRES

La galerie Mansart, construite par le célèbre architecte de 1644 à 1646 et classée Monument Historique, est désormais dédiée aux expositions temporaires. Elle présentera deux expositions par an. Lancement avec : « Molière, le jeu du vrai et du faux » à l’occasion du quadri-centenaire de la naissance de Molière (27 septembre 2022-15 janvier 2023), puis « Degas en noir et blanc » (mai - septembre 2023).
Accessible par la rue Vivienne, la BnF a aussi rénové son jardin et dispose d’une librairie et d’un café. Les visiteurs ayant connu la grande salle de lecture créée par Henri Labrouste en 1860, réouverte depuis décembre 2016 entièrement rénovée pour retrouver l’élégance, la clarté et l’atmosphère studieuse pensée par son architecte, n’auront pas le loisir d’y pénétrer, elle n’est accessible qu’aux chercheurs. Des usagers de la BnF et des personnels de la bibliothèque qui déplorent toutefois le recul du service public avec un sous-effectif chronique et la suppression de l’accès direct aux collections patrimoniales le matin ; rappelant par leur mobilisation en cette période d’ouverture au grand public de la BnF Richelieu que sa dimension patrimoniale et historique ne doit pas faire oublier sa mission d’accueil des chercheurs et étudiants et les conditions de travail de ces agents.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Infos pratiques

Bibliothèque nationale de France
Site Richelieu
5, rue Vivienne 75002
Musée – expos – salle Ovale
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Nocturne jusqu’à 20h le mardi
Entrée musée : 10€/8€
www.bnf.fr


Afin de préserver certaines pièces fragiles, la présentation annuelle est renouvelée à deux reprises. À chaque accrochage, de nouveaux chefs-d’œuvre des collections de la BnF sont exposés.

 Nouvel accrochage : Les révolutions, du 16 septembre 2023 au 8 septembre 2024
Avec des pièces aussi exceptionnelles que le rouleau manuscrit des « 120 Journées de Sodome » du Marquis de Sade, l’exemplaire de « L’Ami du peuple » tâché du sang de Marat ou encore les manuscrits de La 9e symphonie de Beethoven et de « La Bête humaine » de Zola...
La thématique pour la saison 2023 - 2024 se déploie principalement dans la galerie Mazarin, mais de nombreuses pièces issues des collections de la Bibliothèque font écho aux « révolutions » dans les autres salles du musée.
 Troisième rotation : du 1er juin 2024 - 8 septembre 2024


Visuels :
 Vue du musée de la BnF – Salle des colonnes (collection d’Antiquités).
 Trône de Dagobert, VIIIe-IXe siècle. Facture attribuée à saint Eloi (v.588-659). Issu du trésor de Saint-Denis.
 L’échiquier dit « de Charlemagne », en ivoire d’éléphant d’Afrique.
 Globe céleste, de Vincenzo Coronelli (1650-1718). Bois, laiton, plâtre et papier.
 Évangiles de Saint-Médard de Soissons (Aix-la-Chapelle, vers 800). Parchemin enluminé. Ces évangiles ont été réalisées pour Charlemagne, écrits en lettre d’or.
 L’Ami du peuple, Jean-Paul Marat. Journal, 13 août 1792 - exemplaire tâché du sang de Marat, poignardé par Charlotte Corday. © BnF, Estampes et photographie.
 Les 120 journées de Sodome, Donatien Alphonse François de Sade. Manuscrit autographe, 1785. © BnF, Arsenal.
 La Bête humaine, Émile Zola. Manuscrit, mai 1889 - janvier 1890 © BnF, Manuscrits.
 Affiche de Mai 68. Sérigraphie. © BnF, Estampes et photographie.