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Les enfants de l’ère Meiji. A l’école de la modernité (1868-1912)

Estampes ludiques ou encyclopédiques, planches illustrées pour apprendre l’anglais, poupées à découper, livres de contes, images d’enfants en train d’étudier ou de s’amuser…Cette exposition - pour grands et petits - invite à découvrir l’univers coloré de la jeunesse japonaise ayant vécu pendant l’ère Meiji (1868-1912), période de grandes transformations où l’on surnommait le pays le « paradis des enfants ».

Lorsqu’en 1854, le Japon rompt son isolationnisme pour ouvrir ses portes aux étrangers, l’Occident va peu à peu découvrir la culture japonaise et, notamment, l’un de ses arts les plus célèbres : celui des estampes. Ces gravures sur bois (ukiyo-e en japonais ou « images du monde flottant ») ont connu leur apogée durant l’ère Edo (1603-1868) et sont devenues des images populaires bon marché ; celles sur le paysage étant les plus prisées en Occident, comme les célèbres vagues et vues du mont Fuji d’Hokusai.

Au début de l’ère Meiji (1868-1912), le Japon s’engage sur la voie d’un État moderne. Si les estampes japonaises fascinent les occidentaux, l’originalité de la culture occidentale fascine les Japonais. Et si auparavant les sujets de prédilection étaient les paysages, les acteurs de kabuki et les jolies femmes à la mode, durant l’ère Meiji, les éléments liés à l’actualité se développent afin de permettre aux Japonais de mieux comprendre le monde qui les entoure.
Réunissant principalement des estampes de l’ère Meiji, l’exposition se concentre sur un sujet original (et peu traité jusqu’à présent en France) : la vie des enfants japonais qui ont grandi à la fin du XIXe siècle, ce moment charnière de la modernisation et de l’ouverture à l’Occident du Japon. Environ 140 pièces sont présentées dans le parcours qui ouvre sur une présentation du Japon de Meiji. Suivent des ukiyo-e représentant des enfants en train de jouer ou en promenade, mais aussi beaucoup d’ukiyo-e destinés aux enfants. Notamment des estampes pédagogiques -éditées par des entreprises privées mais aussi par le ministère de l’Éducation- pour s’instruire dans de nombreux domaine (la flore, la faune, les inventeurs célèbres ou encore les drapeaux des pays), y compris en anglais.
Les cours sont devenus collectifs et en partie calqués sur le modèle occidental ; l’école devient obligatoire pour tous les enfants, garçons et filles, même ceux issus des classes populaires et les murs des classes se couvrent d’estampes éducatives.
Bon marché, faciles à trouver, colorées et divertissantes, les estampes sont aussi utilisées au sein des familles pour apprendre les bonnes manières aux enfants, lire des contes illustrés de couleurs vives et s’amuser avec des sugoroku (sorte de jeu de l’oie), des images à plier (origami), des poupées de papier à habiller, des cerfs-volants à construire.

Apparaissent aussi durant l’ère Meiji des « estampes de genre » sur le thème des enfants. On les voit en train de jouer, comme au jeu du « Démon qui piétine des ombres », consistant à marcher sur les ombres de ses adversaires. À attraper des libellules avec des filets à papillons. Dans sa série « Vraies beautés », l’artiste Chikanobu livre des portraits de femmes de tous âges et conditions sociales portant de splendides vêtements. Comme cette petite fille portant la coiffure courte typique de l’enfance depuis l’époque Edo, avec son joli kimono à fleurs, sa frange soigneusement effilée, sa chevelure d’un noir intense contrastant avec son visage blanc et ses petites lèvres rouges, s’appliquant à écrire, la tête appuyée sur sa main…À travers toutes ces estampes, apparait un monde que des Occidentaux visitant le Japon dans les années 1880 qualifièrent de « paradis des enfants ».

Catherine Rigollet

Visuels : L’importance de l’activité physique chez l’enfant illustrée. Utagawa Kuniteru II. Vers 1873-1874. Collection du Kumon Institute of Education.
Yamamoto Shôun, Jeux d’enfants : Les libellules, 1907. Nishiki-e de format ôban, 24,0 x 36,1 cm. Éditeur : Matsuki Heikichi . Collection du Kumon Institute of Education.
Vraies beautés, n° 20 : L’écriture. Yôshû Chikanobu, 1897 © Machida City Museum of Graphic Arts.
Vue de l’exposition. Photo L’AGORA DES ARTS.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 30 mars au 21 mai 2022
Maison de la culture du Japon
101 bis, quai Jacques Chirac
75015 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Tarifs : plein 5€ / réduit 3€
www.mcjp.fr