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Louise Bourgeois (1911-2010) : les spirales de la vie

Louise Bourgeois (1911-2010) n’a cessé de puiser dans son expérience personnelle et dans ses traumatismes pour nourrir son œuvre. En utilisant l’art comme thérapie, elle a donné forme à ses émotions et développé un corpus de thèmes et de motifs aussi bien en sculpture, dans ses dessins et éditions, qu’en peinture.

Cette nouvelle exposition à la galerie Karsten Greve à Paris montre au travers d’une sélection d’œuvres majeures réalisées entre 1946 et 2007, l’éclectisme de l’œuvre de cette artiste inclassable. Ses œuvres interrogent la place des femmes dans l’espace domestique, la maternité, la porosité entre le masculin et le féminin et les vies souvent sacrificielles des femmes comme l’évoque cette pendue, sous son globe de verre, telle une couronne de mariée...dont la vie aurait tourné court. Une grande place est faite à ses sculptures.

On retrouve les formes de pénis, récurrentes, et les formes totémiques, ses « personnages » dit-elle, élancés, mais à l’équilibre précaire, en bois, en bronze, mais aussi en textile où la verticalité est créée par l’empilement de petits coussins cousus. Lorsqu’elle commence ces sculptures filiformes comme des Giacometti, Louise Bourgeois vit aux États-Unis depuis presque vingt ans. Si la relation aux gratte-ciels se profile, elles auraient été pour elle une manière « d’exorciser le mal du pays ».

Les œuvres en aluminium et en spirale sont particulièrement fascinantes, tel ce Couple enlacé (2003) et The Fountain Couple (1999). Louise Bourgeois a choisi ici de représenter la dualité et la complémentarité du couple par ces deux sculptures/fontaines faites de cercles concentriques, construite à l’image d’un lair (tanière). L’eau y serpente doucement dans un apaisement murmure de ruissellement. L’infinité de ces motifs – que l’artiste associe aux tours effectués lors de l’essorage des tissus dans la rivière de sa jeunesse – suggère l’écoulement du liquide qui donne la vie. Louise Bourgeois conçoit ici le couple comme un refuge, comme une entité créatrice.

La galerie montre aussi des dessins. Des figuratifs pour extérioriser et se défaire de souvenirs négatifs comme ces topiaires aux branches brisées (peut-être d’avoir été trop formatées) soutenues par des béquilles (Topiary : The Art of Improving Nature, Tree with Red Crutch) ou cette femme enlaçant un arbre (Embracing the tree, 2000). Et des abstraits, issus alors d’un profond besoin de paix.

C.R

Visuel : Louise Bourgeois, Fountain Couple, 1999. © The Easton Foundation, New York. Photo : Christopher Burke, New York. Courtesy galerie Karsten Greve.
Louise Bourgeois, The Couple, 2003, aluminium. Courtesy galerie Karsten Greve.
Louise Bourgeois, Topiary : The Art of Improving Nature, Tree with Red Crutch, 1998.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 mai au 21 août 2021
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme - 75003 Paris
Mardi - Samedi, 10h - 18h
https://galerie-karsten-greve.com