Le Vexier, Marianne - Peintre

Toujours en quête de nouvelles matières pour réinventer son art, elle peint aujourd’hui dans le béton frais.

Pontoise, Auvers-sur-Oise, L’Isle-Adam... Marianne Le Vexier remonte le cours de l’Oise depuis des années déjà, la lumière valdoisienne de plus en plus apprivoisée et libre au cœur de ses ateliers successifs. De toiles et de gravures jusqu’alors, son œuvre s’est encore récemment métamorphosée, refusant de se figer dans une manière récurrente, cherchant d’autres matières pour le déploiement de ses formes, pour pousser sa liberté encore plus loin, pour réinventer son art. « Je peins dans le béton frais », nous dit-elle sans sourciller avec ce sourire espiègle qui fait briller jusqu’à ses grands yeux noirs. En effet, Marianne fabrique son béton pour y peindre, travaillant cette matière lisse et mouvante dans une économie de gestes pour figurer des silhouettes, des ombres où l’on croit voir les ailes, les voiles, les becs et les tourbillons de jadis.

Selon elle, le béton est le support idéal pour la belle saison, le printemps revenant, d’autant plus que, dans ce nouveau lieu où elle vit depuis deux ans, un jardin et une cour permettent d’exposer ces « bétons peints », de les marier à la nature, de les livrer à l’air. Le béton ne serait-il pas un écho à son travail, que l’artiste poursuit d’ailleurs, avec les sables du monde entier ? Marianne Le Vexier n’est pas économe de ces changements d’énergie, toujours laborieuse, toujours enjouée dans la tension créatrice d’un univers mouvementé. Après ses Ailes de sable (éditions Area Paris) qui retraçaient en 2004 son parcours agrémentée de textes d’hommage et d’analyse, elle a publié en 2007 L’Amour sur un fil (éditions du Valhermeil) où se répondent ses gravures et les textes d’Alexandra Carrasco. Ce sont des projets permanents qui inspirent le travail de Marianne comme ces quatre toiles commandées par le Conservatoire à rayonnement régional de Cergy-Pontoise pour la création de l’oratorio Les Saisons de Haydn. Le monde original d’une artiste dont l’art a investi le jardin, l’atelier et la maison, un grand lieu clair où pourraient courir quelques bribes des plus belles ballades de Nino Ferrer ou de Jean-Louis Murat...

Jean-Michel Masqué (Juin 2009)

Photographies Lionel Pagès