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Marlène Dumas a le spleen de Baudelaire

Connue pour ses portraits, Marlène Dumas (née en Afrique du Sud en 1953, partie à Amsterdam en 1976 pour ne plus vivre sous le régime brutal de l’apartheid) continue de déposer son flux d’images aux apparences et couleurs d’aquarelle sur ses toiles. Des peintures néo-expressionnistes, chargées de tension psychologique, qui traitent des différentes facettes de la condition humaine : passion, violence, racisme, religion, sexe, mort...Tirant son inspiration des images continuellement diffusées par les médias, ce choc des photos, l’artiste exprime son regard sur le monde, n’hésitant pas à provoquer par la force de ses messages.

Son œuvre est aussi nourrie de ses lectures de littérature et de poésie. Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Charles Baudelaire (1821-1867), Marlène Dumas a réalisé une série de peintures inspirées du Spleen de Paris. Parmi les quatorze peintures, deux petits portraits du poète au regard triste voisinent avec celui de sa mystérieuse muse Jeanne Duval, sa « Vénus noire » qui hante Les Fleurs du mal. Marlène Dumas a peint plusieurs motifs issus des poèmes du Spleen comme ce Rat aux gros yeux globuleux extrait du Le Joujou du pauvre qui met en scène un enfant riche à qui l’on a offert un joujou splendide qu’il délaisse, préférant jouer et fraterniser avec « un de ces marmots-parias » qui s’amuse avec un rat en cage. Ou cette bouteille noire évoquant le petit poème Enivrez-vous. « Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre (…) », écrit Baudelaire.

D’autres œuvres illustrent un texte, tels Le fou et la Vénus ou l’émouvant Le désespoir de la vieille, contant la tristesse de cette petite vieille ratatinée, réjouie en voyant un joli petit enfant -sans dent et sans cheveux comme elle-, à qui elle fait des risettes souhaitant lui plaire, mais qui se met à glapir d’épouvante…Trois autres toiles s’imposent dans l‘exposition : L’Origine de la peinture, Le Temps et la Chimère, La Fabrication, semblables à de grands autoportraits en pied de l’artiste au travail.

D’une simplicité formelle, l’œuvre de Marlène Dumas est d’une grande richesse de sens et puissante en émotion.

Catherine Rigollet

En contrepoint du Spleen de Paris, le musée d’Orsay présente Conversations de Marlène Dumas, un dialogue de trois œuvres clés de l’artiste avec des œuvres des collections.

Visuels : Marlène Dumas, Charles Baudelaire, 2020. Huile sur toile, 40 x 30 cm. Comma Foundation, Belgique. Photo L’Agora des Arts.
Marlène Dumas, The Origin of Painting (The Double Room), 2018. Huile sur toile, 300 x 100 cm. Courtesy Zeno X Gallery.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 12 octobre 2021 au 30 janvier 2022
Musée d’Orsay
Tous les jours, sauf lundi, 9h30-18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h45
Tarifs : 16€/13€
www.musee-orsay.fr