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Massimo Campigli e gli Etruschi : Una pagana felicità

Face à l’Accademia, de l’autre côté du Grand Canal, le Palazzo Franchetti, offre une façade du 15e siècle, restaurée dans le style néo-gothique du 19e siècle par ses nouveaux propriétaires, la famille Franchetti. Son intérieur est aussi opulent que l’extérieur et accueille des événements culturels marquants, particulièrement lors des Biennales d’Art ou d’Architecture. C’est à une véritable découverte qu’invite en cette fin d’année 2021 la large banderole obturant une partie de la façade. Il faut monter au piano nobile où, dans la large salle traversante, des vitrines recèlent les œuvres d’art étrusques qui ont pu inspirer le peintre Massimo Campigli dont les toiles, créées entre 1928 et les années 60, sont accrochées dans les pièces en enfilade qui s’ouvrent sur ce vaste salon.

Qui est Massimo Campigli ? Né à Berlin en 1895 et mort à Saint-Tropez en 1971, le peintre n’en est pas moins italien. Bourlingueur, il travaille dans la presse, se bat aux côtés des Italiens, se trouve en Russie quand éclate la Révolution d’Octobre, retourne en Italie où il est naturalisé puis envoyé à Paris comme correspondant du Corriere della Sera. À ses heures, il manie le pinceau, participe au Salon d’automne de 1921 et accroche treize toiles à la Biennale de Venise de 1928. Mais c’est après sa visite à Rome quelques semaines plus tard, à la Villa Giulia, aujourd’hui musée national étrusque, que Campigli modifie son esthétique et sa technique, et qu’« une joyeuseté païenne colore [sa] peinture ». Les vestiges de cette civilisation disparue (1er millénaire avant J.C.) mais si influente sur le développement de la civilisation romaine lui offrent, dit-il, « des formes à rêver », comme feront aussi les portraits du Fayoum ou les idoles crétoises. De cette année-là précisément, date Zingari (1928), exposé ici avec un couvercle de sarcophage masculin de terre cuite. À partir de là, Campigli crée un monde de femmes dont l’homme est exclu. Des figures à la taille de guêpe, au regard mi-étonné, mi-amusé, que le peintre appellera ses « femmes-clepsydres », richement bijoutées. Des portraits aux couleurs douces et mates qui sont l’apanage des fresques mais qui sont ici posées sur la toile à coups de pinceau texturés.

Loin des actualités qui avaient nourri la peinture de Campigli dans les années 20, nous voici entourés de figures qui ne reflètent aucune réalité mais illustrent un passé civilisationnel qui revient en pleine force dans des formes, des drapés, des ornements qui renvoient à la sélection d’objets – figurines, animaux, vases, bijoux – qui susciteront peut-être chez le visiteur la même fascination qu’ils avaient exercé sur le peintre il y a presque un siècle.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Couvercle de sarcophage masculin en argile, Fin du 3e – début du 2e siècle avant J.C. Courtesy MIC Soprintendenza archeologia Belle Arti e Paesaggio per la provincia di Viterbo e per l’Etruria Meridionale. Et en arrière-plan : Massimo Campigli, Zingari, 1928, huile sur toile, 96,4 x 76 cm. – collection Augusto e Francesca Giovanardi, Milano. crediti fotografici : Alvise Aspesi
Massimo Campigli, Donna seduta, 1961, olio su tela / huile sur toile, 116 x 68 cm. Bologna, Collezione privata / Private collection (photo EH)

 À noter que, lors de la Biennale d’Art de 2022, les œuvres de Giorgio Morandi et Mark Rothko dialogueront dans les salons du Palazzo Franchetti.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 mai 2021 au 16 janvier 2022
Palais Franchetti
San Marco 2842,
30124 Venise, Italie
Ouvert du lundi au dimanche, de 10h à 18h
Fermé le mardi
Entrée : 12 € (Passe sanitaire obligatoire)
https://www.acp-palazzofranchetti.com/