Musée Lalique. Du verre au cristal

Joaillier exceptionnel et grand maître du verre, René Lalique compte parmi les créateurs de l’Art nouveau et de l’Art Déco. Depuis 90 ans, les créations Lalique sont produites en Alsace à Wingen-sur-Moder. C’est dans cette région de tradition verrière que le musée Lalique a ouvert le 1er juillet 2011.

Puisant son inspiration dans la nature champenoise où il est né en 1860, René Lalique formé chez un bijoutier puis à l’Ecole des Arts décoratifs s’installe comme dessinateur de bijoux pour les grandes maisons (Cartier, Hamelin, Boucheron…) avant de les réaliser lui-même vers 1888. Associant à l’or et aux pierres précieuses des matières peu considérées comme l’émail, la corne et le verre (déjà), il crée bagues, pendentifs et broches en forme de chardon, bleuet, pavot, scarabée, hanneton ou papillon. À la faune et à la flore, il ajoute souvent l’image de la femme sous forme d’allégories, de divinités aquatiques ou de figures ailées comme dans le pendentif Femme libellule, une des œuvres fétiches de la collection. Devenu bijoutier attitré de Sarah Bernhardt, René Lalique l’est aussi du collectionneur portugais Calouste Sarkis Gulbenkian qui lui achète quelques cent cinquante bijoux et objets d’art. Industriel avisé autant qu’artiste talentueux, lassé d’être copié, Lalique délaisse les bijoux et s’oriente dans une production exclusivement verrière en créant vases, statuettes, flacons de parfum, services de verres, bouchons de radiateur, luminaires, éléments architecturaux aux lignes de plus en plus épurées, qu’il fait réaliser en série dans ses ateliers de Combs-la-Ville, près de Paris, mais surtout dans ceux de Wingen-sur-Moder en Alsace, ouverts en 1922. C’est dans cette région de grande tradition du verre, que la maison Lalique va prospérer et conforter sa réputation internationale avec des réalisations prestigieuses, telles que la fontaine Les Sources de la France à l’exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925, la décoration de wagons pour la Compagnie Internationale des Wagons-lits ou de la salle à manger de première classe du paquebot Normandie.

À la mort de René Lalique en 1945, la deuxième génération incarnée par son fils Marc qui lui succède est celle du cristal. Un verre d’exception d’une grande pureté, qui tire son poids et son éclat du plomb (24% minimum pour avoir droit au nom de cristal au sens de la norme NF). La plus prestigieuse –et monumentale- création de Marc Lalique est sans conteste le lustre de 1951, une œuvre exceptionnelle d’1,7 tonne et de 3 mètres de haut, qui illumine le hall d’entrée du musée Lalique. Témoin de cette saga verrière et cristallière, il vient d’ouvrir ses portes le 1er juillet 2011 à quelques kilomètres de l’usine Lalique passée en février 2008 dans le giron de la société suisse Art & Fragrance de Silvio Denz. Plus de 600 bijoux, flacons, vases, objets d’art de la table y sont exposés dans une scénographie sobre et élégante, à la fois artistique et scientifique, imaginée par Ducks Sceno et l’Agence Wilmotte. Les œuvres présentées sont issues du fonds du musée, notamment acquises lors de la vente de la collection de la petite-fille de René Lalique en 2005, complétées de prêts de la société Lalique, de musées (Arts décoratifs et Arts et Métiers), de collectionneurs privés.

Catherine Rigollet (reportage 2011)

Visuel page expo : René Lalique, Pendentif Femme Libellule. Ailes ouvertes (vers 1898-1900). Collection musée Lalique.
René Lalique, Vase Tourbillons, rééd. Cristal d’une œuvre de 1926. ©Lalique SA. Don de la Maison Lalique. Collection musée Lalique.
Visuel vignette : René Lalique, Veilleuse deux paons, 1920. ©Shuxiu Lin – Coll. privée.

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Musée Lalique
Rue de Hochberg, Wingen-sur Moder (67)
Toute l’année, sauf janvier
Tous les jours, de 10h à 18h
Fermé le lundi en février, mars, octobre et novembre
Musée : 8 €
Tél. 03 88 89 08 14
https://www.musee-lalique.com