Vous consultez une archive !

Mustapha Boutadjine. Sous les pavés : le Gitan

Django Reinhardt, Yvan le Bolloc’h, Emilien Bouglione, Manitas de Plata, Tony Gatlif, Alexandre et Délia Romanès…Ils sont Gitans, Manouches, Roms, Sintis, Tziganes, Yéniches, Romanichels. Mais derrière ces noms, se trouve un même peuple qui a pris naissance aux Indes et qui, très vite, a été l’objet de persécutions, de stigmatisations, d’expulsions, de massacres, d’un génocide méthodiquement orchestré par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Un racisme qui perdure toujours aujourd’hui. Célèbres ou anonymes, Mustapha Boutadjine, artiste « gadjo » né en 1952 à Alger, les met à l’honneur dans ses tableaux en icônes de la Résistance à la barbarie.

Graphismes et collages « Résistants »

Diplômé des Beaux-Arts d’Alger en architecture d’intérieur puis de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, département Design, ce plasticien a développé un art du collage à la fois pictural et expressionniste (influencé par le peintre allemand George Grosz), réalisant des portraits mosaïques à partir d’une multitude de morceaux de papier arrachés et détournés des publicités de magazines de luxe puis collés, assemblés comme des touches de peinture en portraits symboliques où affleurent mille-et-un détails et qui résonnent de l’ histoire de chaque personnage et de tout un peuple. Un travail méthodique, patient, millimétré qui peut prendre un mois par portrait, à raison de journées de huit heures. Comme cette Tzigana, Manouche anonyme déportée à Auschwitz et dont Boutadjine a gardé le numéro de matricule, représentée comme sur une photo anthropométrique qui fichait les Tziganes arrivant au camp, sur un fond blanc émaillé de photos de montres qui rappellent que les gens du voyage, comme les juifs, étaient dépouillés de leurs bijoux par les nazis.

Exposition-concert le 18 mars 2016

Révolté et engagé, Mustapha Boutadjine qui, menacé, a du quitter l’Algérie en 1988, brosse depuis des années le portrait de femmes et d’hommes persécutés ou en lutte : Black Panthers , mais aussi Emiliano Zapata, héros de la révolution mexicaine, le révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture et surtout ces Gitans réunis dans une série « Sous les pavés, le Gitan ». Des collages « résistants », dont certains redonnent vie à des disparus et que Mustapha Boutadjine expose à la galerie Artbribus, à l’occasion de la 6e édition du Festival des musiques sacrées de Paris (du 11 au 20 mars 2016), accompagné d’un concert de musique gitane, le vendredi 18 mars à 19h avec le guitariste Gino Olbert et le chanteur Jahken Rose.

Un événement bien dans l’esprit de ce festival des musiques sacrées de Paris dont l’ambition est de favoriser le dialogue interculturel en programmant des concerts et des manifestations culturelles mêlant des héritages pluriels.

Catherine Rigollet

Visuels : Mustapha Boutadjine, Tzigana. Paris 2010 – Graphisme-collage, 130 x 95 cm. Photo Gilles Laurent.
Nanosh et Rupa, Paris 2010 – Graphisme-collage 80 x 50 cm. Photo : Gilles Laurent.
Portrait de Mustapha Boutadjine. Photo Laurence Lebaud

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Exposition permanente
Exposition-concert exceptionnelle, vendredi 18 mars 2016, 19h
Galerie Artbribus
68 rue Brillat-Savarin, 75013 Paris
Entrée libre
http://artbribus.com/
www.paris-festival-sacre.com