Otobong Nkanga. « I dreamt of you in colours »

Il n’y a pas que des expositions d’artistes disparus ces temps-ci à Paris ! Le Musée d’art moderne de Paris a misé sur la vivacité de créateurs vivants, d’œuvres en cours même si déjà consacrées, en associant à la Nigériane Otobong Nkanga, née en 1974 et qui vit aujourd’hui à Anvers, l’artiste américain George Condo, né en 1957. Les deux artistes ont d’ailleurs en commun d’avoir Paris au cœur, l’une pour avoir été formée en partie dans son École des Beaux-Arts, l’autre pour y avoir vécu entre 1985 et 1995.

C’est dans son histoire familiale, teintée de rêves et de légendes, que Nkanga est allée chercher le titre de son exposition, « I dreamt of you in colours », sa première exposition monographique dans un musée parisien. Dans un long entretien donné pour le catalogue (Éditions Paris Musées, 192 pages, 35€), elle se souvient qu’au moment de choisir sa voie entre l’architecture et l’art lorsqu’elle avait 15 ans, sa mère lui a « raconté le rêve qu’elle avait fait lorsque je suis venue au monde : je jouais avec des tissus et des choses colorés. Et elle m’a dit : « J’ai rêvé de toi en couleurs. Tu étais libre parmi les couleurs. Tu évoluais librement à travers elles, à travers ces tissus et toutes ces choses. » Guère de plus belle prédestination !

Après de solides études d’art (Ife, Paris, Amsterdam), qui ont déjà exacerbé son imagination d’un continent à l’autre, Nkanga choisit d’embrasser le monde, d’en offrir une lecture toute personnelle qui cependant éveillera l’imagination et la conscience de plus d’un visiteur, par son travail en un fantasme d’art global. Elle utilise pour cela une incroyable variété de matériaux (acrylique, bois, goudron, minéraux, textiles…) et de techniques (du dessin à la vidéo en passant par la céramique, la tapisserie ou la peinture) dans des œuvres d’une grande beauté plastique et d’une grande force poétique et interprétative.

« Je pense la Terre comme un être, comme notre corps : l’eau, l’air, l’arbre, la pierre, la plante sont des êtres comme notre corps », a-t-elle pu dire comme une devise à sa démarche artistique. Architecte et cartographe de l’intime et des territoires, Nkanga explore et dévoile les relations et les sens cachés des uns et des autres dans un foisonnement de formes et de figures, d’objets artistiques fort singuliers. Il faut ici prendre le temps de la visite, se poser parfois plusieurs minutes face à des œuvres de grandes tailles et de grands détails !

Jean-Michel Masqué

Archives expo à Paris

Infos pratiques

Du 10 octobre 2025 au 22 février 2026
Musée d’art moderne de Paris
11, avenue du Président Wilson, 16e
Du mardi au dimanche de 18h à 18h
Jusqu’à 21h30 le jeudi et 20h le samedi
Plein tarif : 17 € (20 € le billet combiné pour les deux expositions)
www.mam.paris.fr


Conçue avec l’artiste et en collaboration avec le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, l’exposition se tiendra ensuite du 3 avril au 23 août 2026 à Lausanne.


Visuels :

 Otobong Nkanga, Social Consequences V - The Harvest, 2022, drawing, acrylic and stickers on paper, 42 x 29,7 cm. Collection Wim Waumans. Courtesy de l’artiste.

 Otobong Nkanga, Unearthed – Sunlight, 2021, textile, 350 x 600 cm. Kunsthaus Bregenz. Photo : Kunsthaus Bregenz, Markus Tretter. Courtesy de l’artiste. Et détail de la tapisserie.

 Nkanga Otobong, in situ | MAM | 2025 | Photos ©Pierre Antoine.

 Nkanga Otobong, vue in situ | MAM | 2025 | Photos ©Pierre Antoine.