Norman Foster

Le nom de Norman Foster ne vous dira peut-être rien. En revanche, certaines des réalisations de cet architecte britannique (né en 1935 à Manchester) ne vous sont pas inconnues : le Viaduc de Millau et le Carré de Nîmes en France, la coupole du Rechstag à Berlin, le building du 30 St Mary Axe (surnommé The gherkin / le cornichon, pour sa forme en ogive) et la Grande cour du British Museum à Londres, la Tour Hearst à New York qui repose sur une base art déco construite initialement en 1928, etc. Souvent considéré comme un leader du courant dit « high tech », Norman Foster a signé de très nombreuses réalisations iconiques dans le monde (grands aéroports, réseaux de transports, bâtiments XXL, sièges de grandes entreprises, bâtiments publics, grands ouvrages d’art, programmes d’aménagement urbains, musées...). Et depuis soixante ans à la tête de son cabinet Foster and Partners, une entreprise devenue multinationale et qui compte des milliers de collaborateurs -nommés et remerciés un à un à l’entrée de l’exposition- il continue de traiter plusieurs dizaines de projets importants par an et n’a pas dit son dernier mot de visionnaire avec des projets futuristes d’habitats sur la Lune et Mars.

60 ans de créations architecturales dans 75 pays

Cette importante exposition rétrospective -et hagiographique- présentée fort à propos au Centre Pompidou, dans le bâtiment même qui fut un des premiers manifestes du courant architectural « High Tech », ne montre pas seulement son œuvre (par le prisme d’une centaine de ses plus emblématiques réalisations), elle revient sur la propre « construction » de l’homme issu d’un milieu modeste, fou de dessins et d’aéronautique devenu génial bâtisseur couvert de prix internationaux (dont le Pritzker en 1999) et sur tous les principes qui fondent son architecture dont la pratique a débuté dans les années 1960, coïncidant avec ses premiers signes de conscience de la fragilité de la planète. Et s’il n’a eu de cesse de faire grimper les gratte-ciels, il l’a fait en innovant vers des tours « respirantes », avec un souci de réduire la consommation d’énergie, comme le fameux Cornichon de Londres ou le DJL Sky City à Shenzen.

Fusionner architecture, urbanisme, art et nature

Toute conception pour lui commençant par une esquisse, on découvre dans la première salle de l’exposition des centaines de dessins et carnets de croquis, ainsi qu’une série de photographies de détails d’architectures, comme autant de références iconographiques. La salle centrale du parcours est dédiée à ses passions : aviation (il a piloté plusieurs types d’engins : hélicoptères, planeurs, ULM...), voitures de collection, œuvres d’art comme Oiseau dans l’espace, filiforme sculpture de Brancusi, 1928, issu des collections du Centre Pompidou…
La suite du parcours est organisée par centres d’intérêt. Pour la nature, notamment pour l’arbre, métaphore du bâtiment idéal. Pour l’étude du passé architectural qui continue de l’inspirer. Pour l’importance du « squelette » des architectures qui comme dans une cathédrale médiévale « est » l’architecture. Pour le lien avec la cité, comme au Reichstag, le nouveau parlement reconstruit à Berlin (1992-1999) avec sa grande coupole vitrée au-dessus de la chambre de débats qui assure lumière, et visibilité entre parlementaires et citoyens qui y circulent grâce à deux grandes rampes d’acier recourbées en forme de double hélice. Pour l’environnement, la fluidité et la respirabilité de la ville moderne…

Car architecte, Norman Foster est aussi un urbaniste qui lie le déploiement des technologies à une compréhension de la notion d’environnement ; un principe qui trouve son fondement dans l’œuvre de l’architecte américain Richard Buckminster Fuller (1895-1983), auquel Foster s’est associé à l’occasion de divers projets, dont Climatroffice - une structure géante qui contenait son propre écosystème.
« Ma quête est celle d’une approche holistique permettant d’atteindre un équilibre avec la nature », soutient Norman Foster.
Une exposition d’architectures et sur l’architecture, passionnante et éclairante car très documentée. Son commissaire, Frédéric Migayrou, considère qu’elle va permettre au public d’« entrer dans la tête et le coffre à jouets » de Norman Foster. C’est d’ailleurs lui qui a conçu la scénographie -en collaboration avec son équipe-, souvent spectaculaire comme cet alignement de maquettes de gratte-ciels se détachant sur fond de toits parisiens.

Catherine Rigollet

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 10 mai au 7 août 2023
Centre Pompidou
Tous les jours, 11h-21h
Fermé le mardi
Nocturne le jeudi jusqu’à 23h
https://www.centrepompidou.fr/fr/


Visuels :
 Vue de la salle des dessins, esquisses et photographies, exposition Norman Foster. Photo © L’Agora des Arts.
 Viaduc de Millau, Millau (France). Foster + Partners © Norman Foster. Photo © Daniel Jamme / Eiffage.
 Vue de l’exposition Norman Foster. avec à droite la « Dymaxion » conçue par l’architecte Buckminster Fuller en 1933. Photo © L’Agora des Arts.
 30 St Mary Axe, Londres (RU), 1997-2004. Plus connu sous le nom de « Gherkin » (Cornichon). Photo © L’Agora des Arts.
 DJL Sky City, Shenzen (Chine), 2016-2022. Photo © L’Agora des Arts.
 Vue de l’exposition Norman Foster. Photo © L’Agora des Arts.