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Paul Klee (1879-1940) et les secrets de la nature

L’exposition est centrée sur la fascination permanente de l’artiste suisse-allemand pour l’observation de la nature et des phénomènes naturels, dans laquelle il a trouvé non seulement un champ d’étude et un modèle pédagogique, mais aussi une source d’inspiration et un refuge vital.

Membre des mouvements d’avant-garde en Europe, Paul Klee (Suisse 1879-1940) s’est forgé une carrière très personnelle. L’un des chemins qu’il a suivis pour arriver au caractère unique de son travail est l’observation et l’étude des phénomènes naturels, tout au long de sa vie.
Dans ses années de formation, la curiosité de Paul Klee pour l’origine de la forme et de l’expression artistique l’a amené à étudier méticuleusement ses environnements les plus immédiats : la périphérie de Berne et le jardin familial. Les plantes, les animaux, les paysages, les formations géologiques et les phénomènes atmosphériques et physiques qu’il a examinés dans ses différents lieux de résidence et aussi lors d’excursions et de voyages ont renforcé sa relation avec la nature et ont eu un impact sur sa poétique unique.

Organisée et produite par la Fondation Miro en collaboration avec le Zentrum Paul Klee à Bern, cette grande exposition curatée par Martina Milla réunit quelque 200 pièces et se déploie en quatre étapes : les années de formation de Klee, la période autour de la Première Guerre mondiale, son temps comme professeur au Bauhaus et, enfin, les années difficiles sous la botte nazie et l’exil.

La première partie de l’exposition présente l’importance de l’étude de la nature chez Klee basée sur les premiers dessins réalisés entre 1883 et 1911, parmi lesquels son premier dessin documenté, réalisé alors qu’il n’avait que quatre ans ! Dans cette section, Klee dialogue avec deux héritages artistiques majeurs : le dessin naturaliste, qu’il a appris pendant ses années scolaires et qui a façonné sa capacité à prêter attention au visible ; et la culture classique qu’il a découverte lors de son voyage en Italie en 1901, au travers aussi de la lecture de J. W. von Goethe.
L’intérêt de Paul Klee pour la découverte de la dynamique de la nature et de la grammaire de l’art qu’il a commencé à élaborer à partir de ses observations, s’est progressivement développé entre la Première Guerre mondiale et son arrivée au Bauhaus en tant que professeur. Dans « Voyage en Tunisie et la Première Guerre mondiale. La nature comme énigme et évasion (1912-1920) », deuxième partie de l’exposition, peintures à l’huile, aquarelles et dessins témoignent de la contemplation de la nature devenue un instrument visionnaire pour faire face aux moments difficiles que Klee a eu le malheur d’endurer. Dans cette salle, des œuvres comme Glühende Landschaft (Paysage lumineux, 1919), un exemple de paysage total de Klee, où l’artiste vise à représenter non seulement le motif, mais aussi la connectivité des éléments organiques, atmosphériques et géologiques.

L’Analyse des phénomènes naturels (1921-1931) », troisième espace de l’exposition, présente environ 70 pièces, parmi lesquelles des œuvres, du matériel pédagogique et des collections d’objets naturels tels que des spécimens de plantes et des coquillages préservés, qui lui ont fourni un champ d’étude. Lorsque Klee enseignait ces notions, il invitait souvent les étudiants à passer du temps à observer les poissons dans son aquarium, comme il le faisait. Pour évoquer la philosophie de ces enseignements, la conception de cet espace d’exposition reconstitue l’aquarium de Klee en exposant des œuvres contenant des poissons.

Paul Klee a continué à travailler sur ces sujets qui sont même devenus un refuge artistique face au défi de vivre les dernières années de sa vie avec une maladie dégénérative. La partie « Synthèse et identification. The Last Period (1932-1940) » montre comment, dans la dernière ligne droite de la vie de Klee, qui a été très productive malgré son état de santé fragile, sa compréhension des principes de la nature et sa communion avec elle ont atteint le sommet de leur expression. On le voit dans Der Winter kommt (L’hiver arrive, 1939), une œuvre au titre très symbolique pour laquelle Klee utilise ses doigts pour peindre. Son corps devenant un avec la nature à travers le médium pictural.
« L’artiste d’aujourd’hui est plus qu’un appareil photo amélioré. Il est plus complexe, plus riche et plus large. Il est une créature sur la Terre et une créature dans le tout, c’est-à-dire une créature sur une étoile parmi les étoiles », écrit-il dans Ways to Study Nature, en 1923.

Visuels : Paul Klee, Ohne Titel (Schnecke) [sans titre]
c. 1883. Pencil on paper, 21 x 15,6 cm. Zentrum Paul Klee, Bern. On loan from a private collection.
Glhende Landschaft [Paysage lumineux], 1919. Oil on cardboard
40,5 x 30,5 cm. Private collection, Switzerland.
Drei Blumen [Trois fleurs], 1920. Oil on primed cardboard.
19,5 x 15 cm. Zentrum Paul Klee, Bern.
Grünes Gelände [Terrain vert], 1938. Oil and watercolour on primed cardboard
37,5 x 50,5 cm. Zentrum Paul Klee, Bern.
Dieser Stern lehrt beugen [Cette étoile enseigne la flexion], 1940. Coloured paste on paper on cardboard, 37,8 x 41,3 cm. Zentrum Paul Klee, Bern.
Der Winter kommt [L’Hiver arrive], 1939. Coloured paste and chalk on paper on cardboard, 20,8 x 29,6 cm. Zentrum Paul Klee, Bern.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 21 octobre au 12 février 2023
Fundacio Joan Miró
Barcelone
Du mardi au dimanche, 10h – 18h
Tarif plein : 13€
https://www.fmirobcn.org/en/