Étrangeté, voilà ce qui frappe d’emblée le spectateur face à l’univers du peintre danois Peter Martensen. Une œuvre fort peu connue dans l’hexagone, puisque, avec Ravage, présentée au musée d’art moderne de Saint-Étienne en collaboration avec la Maison du Danemark, l’artiste signe sa première exposition monographique dans un musée français.
Né en 1953 à Odense, Peter Martensen, pour qui la vie est un mystère » et qui veut que ses peintures en parlent, se positionne comme « un réaliste mental », cherchant à « rendre visible sa réalité ». Face à ses tableaux et dessins, on se trouve aussitôt immergé dans un univers froid et gris ; un quasi monochrome choisi pour limiter la charge émotionnelle que renvoient les couleurs et laisser place à l’émotion du spectateur. Un univers de lieux publics anonymes et imaginaires, habité essentiellement par des hommes (peindre des femmes l’implique trop fait-il comprendre), vêtus de blouse blanche, tel un uniforme d’experts… ou d’aliénés. Une peinture qui parle d’êtres humains, de l’Histoire (Procès de Nuremberg, mur de Berlin, émigration, (The Transportation) ou encore des crises économiques avec cette omniprésence d’envolées de feuilles blanches que l’on peut voir aussi comme un déferlement d’informations, l’étouffement du monde administratif, l’effacement de la mémoire, des histoires à écrire, ou des tableaux encore à peindre pour cet artiste admiratif de la maîtrise de la dimension psychologique d’un Goya, d’un Velasquez ou d’un Caravage.
L’eau est aussi très présente dans l’œuvre de Martensen ; un élément d’une grande richesse picturale qui participe aussi à l’effet de mystère et d’absurdité émanant des peintures (Night Scene).
Catherine Rigollet
A voir aussi au MAMC : Jaume Plensa.
Du 9 mars au 17 septembre 2017. En savoir plus.
A voir aussi à Saint-Etienne : 10e Biennale internationale de Design.
Du 9 mars au 9 avril 2017. En savoir plus.
Visuels : Peter Martensen, Peter Martensen, The Settlement, 2016. Huile sur toile. 100 x 120 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Maria Lund. Photo : François Ayme. © ADAGP, Paris 2017.
Peter Martensen, Night Scene, 2015. Fusain sur papier, 101 x 140 cm. Collection privée. Photo L’Agora des Arts.