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FLUX aux Photaumnales 2020

Flux financiers, flux logistiques, flux humains, flux électriques, flux des données, flux des matières premières…Les flux sont partout, ils accélèrent le temps par leur vitesse et transforment notre perception du réel. Ils sont aussi l’un des vecteurs de la mondialisation. Répondant à une commande publique sur ce thème de la société en mouvement, quinze photographes ou duos d’artistes témoignent, chacun à leur manière, des multiples flux irriguant notre quotidien et de leurs conséquences environnementales et sociétales. En parallèle, les Photaumnales ont convié une dizaine d’autres photographes qui ont exploré nos relations visibles ou invisibles aux flux, dans les transports, les communications, l’échange de données numériques…

Une société en mouvement

Aglaé Bory (née en 1978) livre avec Figures Mobiles un travail photographique sur l’attente interminable d’hommes et de femmes venus de loin, qui dans l’espoir de trouver refuge en France ont déposé une demande d’asile. Ils sont photographiés allongés ou bien assis sur le rebord d’un lit ou d’un muret, regard perdu vers un avenir rêvé. Autre flux humain décrypté par Florent Meng, celui des voyageurs transfrontaliers qui empruntent chaque jour La rue de Genève, l’une de ces voies frontalières qui amènent à la capitale suisse un flux de travailleurs français, mais aussi un flux financier et qui a progressivement bouleversé le paysage et les économies locales.
Sous la dalle du quartier d’affaires de Paris-La Défense circule un flux particulièrement dense de circulation de véhicules et de personnes disparates qui semblent se croiser sans se rencontrer. Les photographies de Margaret Dearing (née en 1979), organisées en séquences dans Sous-sol 1, Sous-sol 2, Sous-sol 3, cadrent de manière serré, sans horizon, sur des lieux et des situations quotidiennes, extraites de leurs contextes, comme ces corps de voyageurs filtrés par les portillons du RER ou ces murs nus de couloirs ou de parking. Des vues à la fois banales et angoissantes.
Marine Lanier (née en 1981) nous emmène sur les chemins de traverses des Contrebandiers, des personnages qui tracent leur route sans laisser de traces. Des images presque oniriques par leur mystère et leur velouté.
Dans Paradis perdu, Eric Guglielmi (né en 1970) s’interroge sur la gestion des flux de carbone liée à la suractivité humaine, notamment dans les forêts du bassin du Congo, réserve importante de carbone due à la photosynthèse de la végétation et de ces 30 milliards de tonnes de carbone stockées dans sa tourbière. Des milieux aujourd’hui victimes d’une déforestation intense due à l’agriculture, l’exploitation d’huile de palme et le commerce de bois précieux.
Hortense Soichet (née en 1982) a suivi des manutentionnaires de la logistique. Afin de rendre davantage visible leurs activités, elle s’est rendue dans une dizaine d’entrepôts qui ne semblent jamais désemplir et où sont manutentionnés des montagnes de produits alimentaires, textiles, livres, courrier, colis ou fournitures de bureau. Elle a concentré son regard sur les gestes de ces travailleurs, leurs postures, leur savoir-faire, la cadence des flux à traiter. Dans son interview à L’Agora des Arts, elle nous parle de ce travail restitué d’abord dans la série On n’est pas des robots – ouvrières et ouvriers de la logistique, puis dans Merci à tous pour votre travail dans le cadre de FLUX. Ce merci écrit sur la porte de l’un des entrepôts...

Le discret et le continu

Comment visualiser les flux, ces mouvements continus ? Cette deuxième exposition des Photaumnales propose une exploration des multiples flux de notre quotidien qui se révèlent ici dans une diversité de regards photographiques. Comme Margaret Dearing, Rafaël Trapet (né en 1971) est allé en exploration à La Défense capter ses flux de Fantassins, ces milliers de travailleurs du quartier d’affaires.
Natan Dvir (né en 1972), Dans sa série Platforms, regarde les gens sur un quai du métro de New York, du point de vue d’un banlieusard en attente de l’autre côté. Une étonnante expérience voyeuriste.
Et comment parler flux sans parler de l’eau. Dans sa vidéo Divided, Tomas van Houtryve (né en 1975) prouve que l’eau des océans est sans frontière visible. Que c’est un flux intemporel et incessant comme ces lignes de vagues qui se brisent sans discontinuer sur le littoral.
Fascinantes, les Bulles de Nicolas Floc’h nous immergent dans la beauté des fonds marins, mais montrent aussi l’importance scientifique de les explorer. Ce flux de bulles révèle en effet les effets de l’acidification des océans sur les écosystèmes. Une recherche menée à Vulcano, en Sicile. Dans toutes ses installations, photographies, films, sculptures ou encore performances Nicolas Floc’h questionne une époque de transition où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. (Son travail qui propose une autre vision du milieu sous-marin est aussi présenté au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, du 25 septembre au 17 janvier 2021).
Mais cette eau, notamment celle des rivières et des fleuves peut être un obstacle à d’autres flux, celui des hommes et des marchandises. Beatrix von Conta (née en 1949) a donc choisi de mettre en lumière les ponts, ces formes architecturales puissantes à la symbolique forte qui incarnent depuis toujours le désir et la nécessité pour l’homme de passer de l’autre côté.

« Toujours proche du public et des territoires, la programmation se déploie également sur l’ensemble du sud des Hauts-de-France en partenariat avec des lieux culturels : Musée de l’Oise à Beauvais, Espace Séraphine Louis à Clermont, Espace Matisse à Creil, Safran à Amiens, Musée de la Nacre et de la Tabletterie à Méru, etc », souligne Fred Boucher co-directeur de Diaphane pôle photographique en Picardie et des Photaumnales. Un festival qui irradie jusque dans des gares et des établissements scolaires pour défendre les valeurs de partage et d’éducation aux images.

Catherine Rigollet

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 septembre 2020 au 3 janvier 2021
A Beauvais (Quadrilatère), Douchy-les-Mines (CRP)
et dans d’autres sites des Hauts-de-France
Entrée libre
Tout le programme à retrouver sur :
http://photaumnales.fr


Suite aux annonces gouvernementales, l’exposition « Flux, une société en mouvement à Douchy-les-Mines » est définitivement close. Flux à Beauvais est en pose.


Visuels : Aglaé Bory, Figures Mobiles. Œuvre produite dans le cadre de FLUX.
Margaret Dearing, Sous-sol 1, Sous-sol 2, Sous-sol 3. Œuvre produite dans le cadre de FLUX.
Hortense Soichet - Merci à tous pour votre travail. Agent manutentionnaire de la Plateforme Internationale de Courrier de La Poste située sur la zone Cargo de Roissy-en-France, juillet 2019. Œuvre produite dans le cadre de FLUX.
Eric Guglielmi, Paradis perdu (flux de carbone). Cameroun, Yokadouma, 2019. Œuvre produite dans le cadre de FLUX.
Nathan Dvir, 51st St, 6:11pm, série Platforms. Dans Flux, le discret et le continu.
Nicolas Floc’h, Paysages productifs, Bulles, pH 5.5, - 3m, zone acide, Vulcano, Sicile, 2019.