Cette exposition exceptionnelle sur Pompéi est un petit bijou. Par la rareté et la qualité des deux cents œuvres exposées comme par leur mise en scène invitant le visiteur à parcourir les pièces d’une maison pompéienne, chacune ornée de fresques et d’objets.
Ensevelies sous les cendres du Vésuve en l’an 79 de notre ère, et découvertes au 18e siècle lors des premières fouilles archéologiques, les maisons de Pompéi, comme celles d’Herculanum, ont révélé, malgré leur étonnante petite taille, la modernité et la qualité de leurs infrastructures (eau courante, chauffage, tout à l’égout), le raffinement de leur intérieur. Chaque maison, qu’elle fut riche ou modeste, possédait son jardin où étaient cultivées les plantes utiles à la vie quotidienne, y compris les plantes odorantes pour confectionner onguents et parfums. C’est l’ensemble de cet art de vivre que met en lumière l’exposition rêvée depuis longtemps par Patrizia Nitti, directrice artistique du musée Maillol depuis 2009 et qui travailla de 1986 à 1990 à Pompéi. Une exposition rendue possible grâce aux prêts du musée archéologique de Naples et à des œuvres issues des réserves du site de Pompéi.
En se promenant de l’atrium (entrée) au triclinium (salle à manger), on est impressionné par l’abondance des décorations peintes et des mosaïques, la variété des objets : vaisselle, lampes, statues, fontaine, meubles en bronze, bijoux en or et même fantaisies érotiques. Il est vrai que les règles, en matière de sexe, étaient liées à des considérations sociales, et non morales. Certaines maisons possédaient un venerum, une chambre destinée à la prostitution des esclaves (une source de revenu pour le maître de maison) sur les parois de laquelle sont représentés des couples d’amants dans des positions explicites. Les hommes « pratiquaient » avec insistance, et sans tabou, encouragés par la force symbolique liée au sexe considéré comme source de vie et de joie.
Les pièces choisies pour figurer dans l’exposition ne proviennent pas toutes de la même maison. Et il n’y avait pas, à Pompéi que des maisons regorgeant d’objets précieux. La plus longue frise peinte qui y fut jamais trouvée était dans un endroit très dépouillé. Preuve que l’art de vivre n’était pas réservé aux plus riches.
C.R