Jorion, Thomas - Photographe

Thomas Jorion, photographe © DR

Thomas Jorion, photographe © DR

L’anticamera, série Palais oubliés ©T. Jorion

L'anticamera, série Palais oubliés ©T. Jorion

La scala rossa, série Palais oubliés ©T.Jorion

La scala rossa, série Palais oubliés ©T.Jorion

Line e diritto, série Palais oubliés ©T.Jorion

Line e diritto, série Palais oubliés ©T.Jorion

Piano forte, série Palais oubliés ©T. Jorion

Piano forte, série Palais oubliés ©T. Jorion

Porpora, série Palais oubliés ©T.Jorion

Porpora, série Palais oubliés ©T.Jorion

Scalone, série Palais oubliés ©T. Jorion

Scalone, série Palais oubliés ©T. Jorion

Blizka, série Silencio ©T. Jorion

Blizka, série Silencio ©T. Jorion

Déja vu, série Silencio ©T. Jorion

Déja vu, série Silencio ©T. Jorion

Simulacra, série Silencio ©T. Jorion

Simulacra, série Silencio ©T. Jorion

Thomas Jorion, photographe © DR

Thomas Jorion, photographe © DR

Photographe des ruines

En 1996, à l’âge de vingt ans, avec son premier réflex, Thomas Jorion s’est mis à photographier des châteaux en ruines autour de Paris, notamment en Seine et Marne, bravant les interdits, le danger à pénétrer dans ces lieux abandonnés, déconnectés du quotidien et un peu hostiles, mais excité par l’aspect aventureux de l’expédition et surtout fasciné par le temps figé dans les murs. Évitant le côté sordide de la destruction, il s’est intéressé aux pages d’histoire ensevelie, à magnifier l’esthétique de ces vestiges, cadrant harmonieusement sur les décors empreints d’une magnificence déchue, captant l’ultime couleur des peintures écaillées, les dernières traces de fresques, l’envolée d’un escalier au bord de l’effondrement, avec la même passion que le peintre Hubert Robert inventant le romantisme des ruines antiques.

Ayant assez vite tiré un trait sur ses études de droit et son emploi dans l’assurance, Thomas Jorion a fait le choix la trentaine venue d’être photographe professionnel et depuis voyage dans le monde, en Italie (Palais oubliés), au Japon (Nuigishi), aux États-Unis (L’Autre Amérique), en Allemagne (La quête des soviets), en chasseur de ces lieux délaissés et silencieux, témoins de l’existence humaine, de sa vanité et de sa fragilité. Il les immortalise dans des séries : palais, usines, bureaux, stations services, avec sensibilité, poésie, de manière volontairement esthétisante, loin du travail scientifique de Bernd et Hilla Becher, ces photographes entomologistes du patrimoine industriel, ou du reportage documentaire d’Yves Marchand et Romain Meffre sur les ruines de Détroit. Toujours réalisées avec une chambre photographique 4x5’’ et des négatifs couleurs, avec la lumière naturelle du moment, sans intervenir dans la composition de la scène, les photographies de Thomas Jorion sont basées sur la temporalité et la matérialité. Immergé dans ces images en grand format (jusqu’à 120 x 150 cm), à l’aspect velouté, le spectateur se retrouve au cœur d’une histoire, comme dans la série Palais oubliés, réalisée essentiellement en Italie en 2009 et 2010. Ces villas, hôtels, belles et grandes demeures à l’abandon depuis des dizaines d’années, sont encore chargées d’âme et d’une nostalgie très proustienne, évoquant les réceptions surannées de la Belle-Époque, des fêtes peut-être brutalement interrompues par un conflit ou un cataclysme.

Ayant toujours vécu à Paris ou en banlieue, l’urbain reste au centre du travail de Thomas Jorion qui poursuit aujourd’hui son errance dans l’architecture citadine désaffectée, ces « ilots intemporels », notamment industriels, qui constituent pour lui autant de terrains de jeux et de recherches. Sans délaisser les profondeurs de champ, il s’intéresse dans sa dernière série Silencio à des plans plus serrés dans des prises de vue qui perturbent la notion d’échelle et d’orientation, amenant, comme il le souhaite, certaines photos vers l’abstraction.

Catherine Rigollet (novembre 2012)

Portrait de la page d’accueil : © Lionel Pagès.