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Forever MIAM & Psychédélices : un festival de couleurs, de lumières et de mouvements

C’est à un feu d’artifice que nous convie le MIAM (Musée international des arts modestes) pour la réouverture des musées et la célébration de ses vingt ans, deux décennies de liberté menée à bride abattue par ses cofondateurs Hervé Di Rosa et Bernard Belluc. En guise d’exposition introductive et rétrospective, « Forever MIAM » retrace l’histoire de cette aventure artistique hors pair à travers des œuvres et objets de la collection, des documents sonores ou vidéos inédits. Dès l’entrée du musée, on ne peut manquer la sculpture géante le SURMIAM, créée par Di Rosa pour l’occasion, un meuble-vitrine conçu à partir des quatre lettres MIAM dans lequel grimacent et rigolent des objets et œuvres qui ont fait l’histoire de ces vingt ans.
Un copieux Grand livre du MIAM (40 €), livre d’artistes autant que catalogue des expositions passées parsemé de textes critiques, et un catalogue richement illustré dédié aux vitrines de Bernard Belluc, Tout est d’époque (22 €), complètent cet ensemble mémoriel.

Poussons maintenant la porte aux néons verts pour s’adonner aux « Psychédélices » ! C’est un festival de couleurs, de lumières et de mouvements qui happe le visiteur, dans les toiles déjà mais aussi les installations de Frédéric Périmon, L’idée de l’expérience ne remplace pas l’expérience, de Julio Le Parc, Trame en mouvement virtuel parcourues par le light-show de Pooley. Il faut bien être dans un état autre, laisser sa défroque au vestiaire, pour parcourir cette exposition qui retrace plusieurs décennies d’art psychédélique en France, plusieurs générations d’artistes français ou travaillant en France (40 en tout) connus ou inconnus, influencés par une esthétique psychédélique qui se veut « révélatrice de l’âme ». Avec ou sans usage de substances psychotropes à effets hallucinogènes ! Pour poursuivre le voyage et ouvrir les portes de la perception, il suffit de se planter devant la Dreamachine de Brion Gysin, sous le regard de son acolyte beat William S. Burroughs, les yeux fermés et les sens en éveil (*).

D’autres précurseurs veillent, Henri Michaux (1899-1984) qui chercha la « connaissance par les gouffres », ou encore le peintre Joseph Sima (1891-1971), un des membres du Grand Jeu de Gilbert-Lecomte et Daumal à la fin des années vingt. Au fil du voyage, on rencontre les deux complices 10.K.R.O.S. et SergeX, alias Serge Leroux (1950-1991), ce dernier arraché de l’oubli par le cocommissaire de l’exposition, Barnabé Mons (l’autre commissaire étant Pascal Saumade). Aussi sorti de l’ombre le touche-à-tout Charles Duits (1925-1991), poète adoubé par André Breton, écrivain et peintre. Trois dessinateurs, Captain Cavern, Caza et Forest (1931-1998), nous entraînent dans les domaines de l’illustration, de la pochette de disque et de la BD où le psychédélisme a brillé dans les années 60-70. Avec Olivia Clavel et Kiki Picasso, c’est le mouvement Bazooka qui nous renverse. Les Sétois Combas et Di Rosa sont là aussi avec d’autres artistes de cette mouvance « sudiste » comme André Cervera. Une exposition qui se veut une réhabilitation d’un art psychédélique français, modeste par sa croissance underground et son manque de visibilité...jusqu’au MIAM en 2021.

Jean-Michel Masqué

(*) La « Dreamachine » est un cylindre rotatif pourvu de fentes et d’une ampoule en son centre. La rotation du cylindre fait que la lumière émise par l’ampoule traverse les fentes à une fréquence particulière ayant la propriété de plonger le cerveau dans un état de détente et de procurer des visions à l’utilisateur, lorsque celui-ci regarde la « Dreamachine » les yeux fermés à travers ses paupières. La « Dreamachine » est une œuvre de l’artiste Brion Gysin (1916-1986) et du scientifique Ian Sommerville.

Visuels : Expositions Forever MIAM & Psychédélices, Hervé Di Rosa. Territoires des expositions au Musée International des Arts Modestes 2000-2021. Tirage sur toile © Pierre Schwartz.
Exposition Forever MIAM, Hervé Di Rosa, SURMIAM, 2020. Sculpture-vitrine © Pierre Schwartz. Et détail.
Robert Combas, Inspector intelligent, 2020. Psyché le barbu, 2020. Maximum de ressenti, 2021.
Technique mixte sur papier d’Arches © Pierre Schwartz.
Exposition Psychédélices, Brion Gysin, Dreamachine, 1960.
Tourne-disques, cylindre cartonné découpé, ampoule avec raccord électrique. Collection François Lagarde courtesy Archives Fata Morgana © Pierre Schwartz

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 4 juin 2021 au 9 janvier 2022
MIAM (Musée international des arts modestes)
23, quai Maréchal de Lattre de Tassigny (Sète-Hérault)
Tous les jours de 9h30 à 19h (du 1er octobre au 31 mars : du mardi au dimanche de 9h30 à 12h et de 14h à 18h).
Plein tarif : 5,60 €
Visites guidées et ateliers de pratique artistique
Tél. 04 99 04 76 44
www.miam.org