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Théodore Rousseau (1812-1867). Le renouveau de la peinture de paysage

Redécouvrir Théodore Rousseau

Surnommé « le Delacroix du paysage » par Théophile Gautier, le peintre Théodore Rousseau (Paris 1812 – Barbizon 1867) apparaît injustement oublié aujourd’hui. Depuis l’exposition que lui consacrât le Louvre pour le centenaire de son décès, aucune institution française ne l’avait mis à l’honneur. La présentation, dans le discret musée d’art et d’histoire de Meudon, d’une quarantaine de tableaux et d’œuvres graphiques provenant de collections privées et publiques, exposition organisée en partenariat avec l’association Les amis du paysage français, est une belle occasion de redécouvrir cet artiste que l’on appelait « le grand refusé ». Les jurys refusèrent pendant 14 ans sa participation au Salon, institution où tout artiste se devait d’être sélectionné pour exposer. Il n’y fut admis qu’en 1850 et le succès ne viendra qu’avec l’Exposition universelle de Paris de 1855. Ces difficultés contribuèrent à son caractère solitaire, lui qui n’eut jamais d’élève.
Voici une belle occasion de suivre ce peintre du paysage dans ses voyages, entre 1830 et 1848 autour de Paris, dans le Jura, dans le Massif central, en Normandie, dans le Berry de George Sand, puis son installation définitive à Barbizon en 1848. La toile Paysage aux deux chênes (vers 1631) de Salomon van Ruysdael, en ouverture de cette exposition, rappelle que Rousseau fut influencé par le réalisme minutieux des paysagistes hollandais du XVIIe siècle, ceux du Siècle d’Or, comme il sera marqué par les anglais Constable et Bonington. L’esquisse de Chênes et châtaigniers aux environs de Moigny en Gâtinais, qui a gardé toute sa fraicheur d’exécution par son dessin sous-jacent à l’encre de Chine, synthétise ces deux influences picturales dans le traitement des arbres et la vibration des cieux. Ses œuvres de premier jet, peu appréciées à son époque car considérées comme des ébauches (Gorges d’Apremont, du musée de Limoges), apparaissent aujourd’hui les plus intenses. La campagne au lever du jour est étonnante par la seule utilisation de la grisaille et l’association inédite du pastel et de l’huile confère une vibration très légère à Petite vallée de la mare des Rouars, gorges d’Apremont (voir ci-contre). Ce site d’Apremont, en région bellifontaine, caractérisé par ses amas rocheux, son coté aride et presque lunaire, l’inspirera souvent. Cet amoureux des arbres vécut mal le déboisement de cette région et, sa peinture deviendra un fervent manifeste contre les déprédations de l’homme à l’égard de la nature.

Gilles Kraemer

 Cette exposition est l’occasion de découvrir le musée de Meudon au charme si provincial, consacré à la peinture et à la sculpture de la seconde moitié du XXe siècle (de Debré à Singier, de Jean Arp à Osip Zadkine) et à la peinture de paysage de la fin du XVIIIe siècle jusqu’aux années 1960. La création de ce dernier département, en mai 2012, fut rendue possible grâce au don, en 2007, de 32 tableaux de la collection Christian Grellety Bosviel (dont Guillaumin ou Filiger), enrichi par des achats de la ville (l’étonnant Sentier de Charles-Victor Guilloux), des dépôts de l’État et de particuliers (Vallée de la Creuse de Gustave Doré).

Théodore Rousseau (1812-1867), Petite vallée de la mare des Rouars, gorges d’Apremont, 1855, huile sur panneau, 42 x 64 cm, collection particulière © Photo M. Rousseau

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Théodore Rousseau (1812-1867). Le renouveau de la peinture de paysage
Commissariat de Francis Villadier
Du 22 février au 28 avril 2013
Musée d’art et d’histoire
11, rue des Pierres – 92190 Meudon
De 14 à 18h. Fermé le lundi et jours fériés
Tarif 2,50€
Tél. 01 46 23 87 13
RER ligne C (Val-Fleury) ou bus 169, 289, 389 (église de Meudon)
www.meudon.fr

 


 Catalogue de l’exposition. Préface de Michel Schulman, notices de Léopold Sers. 38 pages. 10€.
 Catalogue du Musée d’art et d’histoire. Histoire des collections par Francis et Marie-José Villadier. 112 pages. 25€.

 

Le musée Thyssen Bornemiza à Madrid, consacre une exposition à « La peinture de plein air, de Corot à Gauguin », du 5 février au 12 mai 2013. Quatre toiles de Théodore Rousseau y figurent. Lire l’article.