Un enfant le visage tourné vers le ciel l’air interrogatif. Une barmaid sexy de Valparaiso au sourire encore enfantin et innocent. Un nuage d’oiseaux enveloppant un promeneur. Sergio Larrain possède la grâce des photographes en empathie totale avec le monde qui les entoure. Né dans une famille de la haute société chilienne dans laquelle il va vite se sentir mal à l’aise, Sergio Larrain (1931-2012) a photographié les enfants abandonnés dans de nombreux pays du monde, notamment en Amérique du Sud en commençant par ceux de Santiago du Chili qui errent dans les rues et sur les rives du fleuve Mapocho. Une série présente dans cette exposition qui montre aussi son hommage vibrant à Valparaiso, ville qu’il qualifie de balcon chilien face au Pacifique. Fasciné par Henri Cartier Bresson rencontré en 1959 et qu’il considère comme « le maître absolu, un génie, appartenant à une catégorie à part », Larrain rejoint l’agence Magnum et s’installe pendant deux ans à Paris. Les commandes vont alors se multiplier, il va couvrir de nombreux sujets, tous très différents : le mariage du shah d’Iran, la guerre d’Algérie, le tremblement de terre au Chili en 1960, la mafia sicilienne….Mais en 1965, face à la pression du monde journalistique, il rentre au Chili, fuit désormais les sollicitations et mène une vie davantage tournée vers l’écriture et une quête spirituelle. 128 photographies en noir et blanc sont réunies dans une exposition à la Fondation Henri-Cartier-Bresson, enrichie de textes et dessins.
Catherine Rigollet
Visuel page expo : Passage Bavestrello, Valparaiso. Chili, 1952. © Sergio Larrain/Magnum Photos.
Visuel page d’accueil : Rue principale de Corleone. Sicile, 1959. © Sergio Larrain/Magnum Photos