Soichet, Hortense - Photographe

Série « Espace partagés » (Beauvais)

Série « Espace partagés » (Beauvais)

Portrait d’Hortense Soichet

Portrait d'Hortense Soichet

Série « Espace partagés » (Beauvais)

Série « Espace partagés » (Beauvais)

Série « Paysages domestiques ». Creuse

Série « Paysages domestiques ». Creuse

Série « Paysages domestiques ». Creuse

Série « Paysages domestiques ». Creuse

Série « On n’est pas des robots / Manuella »

Série « On n'est pas des robots / Manuella »

Série « On n’est pas des robots », Maximilien

Série « On n’est pas des robots », Maximilien

Série « On n’est pas des robots »

Série « On n’est pas des robots »

Série « On n’est pas des robots »

Série « On n’est pas des robots »

Série « On n’est pas des robots »

Série « On n’est pas des robots »

Série « Merci à tous pour votre travail » (Flux)

Série « Merci à tous pour votre travail » (Flux)

Série « Merci à tous pour votre travail » (Flux)

Série « Merci à tous pour votre travail » (Flux)

Hortense Soichet

Hortense Soichet

« Empreintes »

Des intérieurs de logements photographiés au grand angle, étrangement vides de leurs habitants mais nous plongeant dans leur sphère intime en révélant les objets de leur quotidien…Pour parler des gens et de leur vie, Hortense Soichet a choisi de montrer leur appartement ou leur pavillon, leur manière de les habiter. Des images captivantes qui renvoient aussi sur notre propre façon d’habiter.

Après son premier reportage, en 2009 dans le quartier de La Goutte d’Or à Paris, (le musée Carnavalet à Paris a fait l’acquisition de 50 tirages de cette série), la jeune photographe a poursuivi ses enquêtes à Carcassonne, au Fousseret son village d’origine dans la région de Toulouse, dans la Creuse, à Montreuil, ou encore à Beauvais dans des quartiers de logements sociaux. Photographiant les intérieurs, dévoilant le paysage perçu depuis la fenêtre des appartements, recueillant au préalable des témoignages, comme un matériau préliminaire indispensable pour comprendre comment « on habite », documenter un lieu, une époque.
En tant que spectateurs, c’est à l’image et à sa dimension artistique que nous sommes d’abord confrontés, libres d’en interpréter le sens avant d’en apprendre davantage sur ces habitants à la lecture des textes accompagnant les photographies. Ainsi cette Beauvaisienne qui raconte qu’elle se sent bien dans son appartement du quartier Saint-Lucien avec son canapé profond et son papier peint d’arbres donnant l’illusion d’une fenêtre ouverte sur une forêt silencieuse…même si, raconte-t-elle, « il y a parfois du bruit la nuit, des jeunes qui font du bazar, ça boit, ça casse les bouteilles. » Ou cette habitante du quartier Argentine dont la passion est de décorer son « chez soi » d’une multitude d’objets et d’images de chevaux. Autant de traces, d’empreintes, de paroles patiemment collectées et documentées révélant la relation intime que les occupants entretiennent avec leur lieu de vie.

La démarche d’Hortense Soichet ne vise ni exhaustivité, ni typologie, ni synthèse, mais une quête de singularité, non critique, éloignée de tout sentimentalisme et indemne de voyeurisme. Un regard simplement attentionné, notamment vis-à-vis des quartiers populaires, en ville comme en campagne, et de la vie quotidienne des personnes dans la lignée de la photographie humaniste des années 1945-1960. Un réalisme qui ne manque toutefois ni de poésie, ni d’une esthétique revendiquée par cette titulaire d’un doctorat en Esthétique, Sciences et technologie des Arts à l’Université Paris 8. Esthétique sur laquelle l’artiste réfléchit en amont de chaque série photographique. Tout comme elle décide d’opter pour le numérique ou l’argentique en fonction du contexte et du temps, car le rapport avec les gens n’est pas le même selon la technique.

S’il y a bien quelque chose d’ethnographique dans sa façon de penser l’urbain par l’image, de mettre en place des projets inscrits dans des territoires précis, souvent en collaboration avec d’autres artistes ou chercheurs, d’allier images fixes ou en mouvement, son et texte, Hortense Soichet se définit simplement comme photographe.
Née en 1982, passionnée depuis l’enfance par la photographie dont elle décide dès l’adolescence d’en faire son métier, cette jeune mère de deux enfants continue à mener de front une activité artistique dans le cadre de commandes ou de résidences et un poste d’enseignante-chercheuse contractuelle (mi-temps) en arts plastiques à Paris 8, poursuivant son travail de longue haleine sur la représentation des territoires et des modes de vie, en empruntant aux sciences humaines et sociales leurs méthodologie.

Depuis 2018, Hortense Soichet s’intéresse aussi au travail des manutentionnaires de la logistique, tels Manuella et Maximilien, loin des images caricaturales trop souvent véhiculées, en cherchant à rendre visible leur savoir-faire, mais aussi leur environnement à l’extérieur des entreprises ; ces vastes zones d’activités logistiques gagnées sur les terres agricoles. Un travail restitué sous forme d’une publication et d’une exposition : « On n’est pas des robots – ouvrières et ouvriers de la logistique ». Dans cette même veine et en lien avec une commande du CNAP sur le thème « Flux, une société en mouvement », est née la série « Merci à tous pour votre travail » (présentée au Photaumnales à Beauvais, du 19 septembre 2020 au 3 janvier 2021).
D’autres projets sont en cours, tel celui avec un groupe de femmes d’Ivry sur Seine consistant à représenter leur quartier et la vie au sein de la maison de Quartier qu’elles fréquentent au quotidien. Ou cet autre sur les objets et les gestes qui témoignent de la présence et de l’absence du domicile (« Partie/Revenir »).
Car même lorsque l’humain est hors-champ, c’est bien lui – ou ses empreintes- le sujet de l’œuvre photographique d’Hortense Soichet.

Catherine Rigollet (septembre-octobre 2020)