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Le Louvre dévoile les splendeurs des Oasis d’Ouzbékistan

Aux confins de l’Europe et de l’Asie, l’Ouzbékistan fut un carrefour des civilisations. Les peuples de la steppe, de la Grèce, de l’Inde, de l’Iran, de la Chine, des armées arabes des Omeyyades s’y sont rencontrés, échangeant marchandises, idées et compétences. La légendaire Route de la Soie, cet ensemble de routes caravanières entre la Chine et la Méditerranée avec ses caravanes, ses chameaux et ses précieux produits, prospéra rapidement à cet endroit, amenant un flot incessant de marchands. Des villes, telles la légendaire Samarcande la « ville bleue » avec ses palais et ses mosquées aux coupoles en céramique turquoise, mais aussi Boukhara et d’autres oasis comme Bactriane et Katta Langar…sont ainsi constituées d’un mille-feuille de culture millénaire

L’exposition « Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan » réunit près de 180 trésors -dont certains jamais sortis du pays- qui nous racontent cette fabuleuse histoire. Le parcours ouvre à la naissance de la route de la soie et de la dynastie des Kouchans au Ier siècle de notre ère. Les échanges commerciaux dopent l’économie locale et enrichissent les élites. Un art de cour s’y développe qui atteint son apogée à partir du IVe siècle comme le montrent ces étonnantes statues en terre crue (Tête de prince, Dalverzin tepe, Ier - IIe s. ap. J.-C), ces nombreuses parures en or et ses superbes peintures murales, telle La Peinture des Ambassadeurs, un des chefs-d’œuvre de l’art produit en Ouzbékistan (VIIe-VIIIe siècle). Dans la région se mêlent plusieurs croyances bouddhique, zoroastrienne, chrétienne…avant que l’Islam ne s’impose au début du VIIIe siècle à la suite des raids arabes, entrainant une islamisation politique et culturelle. La calligraphie y prend une place prépondérante dans les motifs décoratifs, sur les monuments, les tissus, les céramiques, les métaux...
Entre le XIe et le XIIe siècle, la langue turque se répand aux côtés de l’arabe et du persan et on voit émerger des figures savantes comme Avicenne (980-1037). Né près de Boukhara en Perse, actuelle Ouzbékistan, il fut à la fois philosophe, médecin, mathématicien et astronome ; l’un des meilleurs représentants de l’universalité des connaissances.

Le règne de l’envahisseur Gengis Khan (1155-1227) venu des steppes d’Asie centrale avec ses cavaliers mongols va bouleverser à nouveau l’ordre établi par les dynasties turques régnantes. Si le ralentissement économique est net, les routes caravanières continuent d’être empruntées comme l’atteste le périple du voyageur et marchand italien Marco Polo (1254-1324) relaté dans son Devisement du Monde (ou Livre des Merveilles). Traversant les steppes, les oasis et les montagnes d’Asie centrale, comme avant lui Alexandre le Grand au IIIe siècle av. J.-C., un autre conquérant barbare va s’imposer au XIVe siècle. Timour le Boiteux (1336-1405), plus connu sous le nom de Tamerlan. Cet orgueilleux conquérant met l’Orient à feu et à sang, exterminant sur son passage les populations des villes conquises, n’épargnant que les artistes et les artisans qu’il expédie à Samarcande pour embellir cette oasis mythique dont il a fait sa capitale. Aujourd’hui restaurée, la grandiose mosquée Bibi-Khanum construite en cinq ans (1399-1404) pour l’épouse préférée de Tamerlan, constitue par sa beauté et sa taille (elle pouvait accueillir 10 000 personnes grâce à ses dimensions hors-normes : 167 mètres de long pour 109 mètres de large), l’un des joyaux de cette ancienne capitale timouride qu’on peut aussi découvrir en images au coeur de cette exposition qui a été l’occasion pour l’Ouzbékistan de lancer un vaste chantier de restauration de ses trésors nationaux.

Catherine Rigollet

 En parallèle, l’Institut du monde arabe présente l’exposition « Sur les routes de Samarcande - Merveilles de soie et d’or ». Une exposition sur le patrimoine et les savoir-faire ancestraux d’Ouzbékistan de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Du 23 novembre 2022 au 4 juin 2023.


 À voir aussi sur arte.tv : le documentaire « Sur les routes éternelles de Samarkand », (2022, 52 min). https://www.arte.tv/fr/videos/103043-000-A/sur-les-routes-et...

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 novembre au 6 mars 2023
Musée du Louvre
Galerie Richelieu et rez-de-cour du département des Arts de l’Islam
Du lundi au dimanche, 9h-18h
Nocturne vendredi jusqu’à 21h45
Fermé le mardi
Tarif plein : 17€ (expo et collections)
https://www.louvre.fr


Visuels : Tête de prince, Dalverzin tepe, Ier-IIe s. ap. JC, Institut des Beaux-Arts, Tashkent © Art and Culture Development Foundation, Republic of Uzbekistan.Photo ©L’agora des Arts.
Ossuaire en terre cuite (VIe-VIIe siècle, Ouzbékistan). Caractéristique des rituels funéraires zoroastriens, il était destiné à accueillir les os du défunt après qu’il a été décharné par des vautours ou des chiens, sans contact avec la terre, pour protéger la dépouille de toute souillure. Photo ©L’Agora des arts.
Peinture des Ambassadeurs, VIIe-VIIIe siècle ap. J.-C., Musée archéologique d’Afrasian. Samarcande © Art and Culture Development Foundation, Republic of Uzbekistan / photo : Andrey Arakelyan.